Un mouvement d’humeur a été observé dans la matinée du vendredi 15 mars 2019 à la prison civile d’Akpro-Missérété. Les pensionnaires de cette maison d’arrêt de sont rebellés contre l’administration pénitentiaire en refusant la mise en application de certaines réformes. Le Procureur du Tribunal de première instance de première classe de Porto-Novo, Monsieur Florentin BODOU était sur les lieux pour constater les faits et tirer des conclusions. Il s’est confié à notre microphone. Lisez plutôt.
Monsieur le Procureur, qu’est ce qui justifie votre présence en ces lieux ?
J’ai reçu un compte rendu du régisseur de la prison civile de Missérété faisant état d’un mouvement d’humeur des détenus. Il faut dire que depuis quelques temps, ces mouvements d’humeurs se font répétitifs. C’est ce qui explique mon déplacement sur les lieux pour constater ce qui s’y passe. J’ai pu voir qu’il y’a un hangar construit par les détenus qu’ils ont incendié. Les sapeurs pompiers ont été appelés et ils ont pu maîtriser cet incendie.
Concrètement, que reprochent ces détenus à l’administration pénitentiaire ?
La séance que nous avons tenue avec les représentants des détenus a consisté à les entendre dans leurs doléances et comprendre ce qui a pu justifier leur mouvement d’humeur. Ils ont expliqué qu’ils ne sont pas d’accord avec certaines réformes mises en place par le nouveau régisseur. Il faut dire que ces réformes sont inspirées par l’insécurité qui règne au sein des prisons civiles notamment celles que gère le parquet de Porto-Novo. Nous enregistrons et les procédures sont encore pendantes pour certaines, devant les juridictions. Les auteurs sont poursuivis pour trafic de chanvre indien pour la plupart du temps. Jusque-là, nous ne savons comment ces produits prohibés entrent dans les prisons. Donc les réformes qui ont été mises en place vont dans le sens d’éradiquer ces genres de pratiques. Entre autres mesures instituées, c’est de contrôler la quantité de produits vivriers à introduire dans les prisons civiles, parce qu’il est revenu que c’est en faisant entrer les produits vivriers qu’on y insère les produits prohibés. Donc ces réformes gênent et dérangent des intérêts. C’est ce qui explique en partie ce qui s’est passé.
Et que proposent-ils comme mesures alternatives ?
Ils réclament entre autres que la carte d’identité exigée à l’entrée de la prison civile soit revue. Ils estiment que leurs parents viennent des villages et qu’ils ne sont pas détenteurs de carte d’identité, ni de carte lépi. Mais au cours de la séance, il a été révélé que cette interdiction n’est pas appliquée de façon rigoureuse. Si vous déclarez à l’arrivée que vous n’avez pas de carte, il vous suffit d’aller vous faire identifier au niveau de l’administration pénitentiaire et on vous permet d’aller rendre visite à votre parent détenu.
Maintenant, quelle sera la suite de la procédure ?
Dans le processus de règlement de ce mouvement d’humeur, nous nous sommes voulus méthodiques. Nous avons fait désigner les responsables des détenus (5 personnes) pour siéger au sein du comité qui va se pencher sur la liste des revendications soumises. Nous leur avons remis le décret 73-293 du 15 Septembre 1973 portant régime pénitentiaire. Nous avons également remis le règlement intérieur qui régit la prison civile de Missérété, pour qu’ils aillent en prendre connaissance, pour enrichir les débats et nous faire des propositions dans le sens de l’amélioration de leur conditions de détention. La prison civile de Missérété comme les autres prisons civiles, est régie par des lois. Les comportements développés se trouvent en porte-à-faux avec la loi et c’est normal que les meneurs soient identifiés et poursuivis.
Par : Is-Deen O. TIDJANI (D.O.T)
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