Quoiqu’observateur attentif voire studieux de la vie politique de notre pays, depuis au moins 30 ans, je n’ai pas pour habitude de me répandre dans la presse, ni même d’opiner publiquement. Jusqu’ici, je me contentais de mes réflexions en petits comités. Mes amis m’ont d’ailleurs maintes fois demandé d’oser m’exposer. Ce n’est pas mon genre, ce n’est pas dans ma nature. Mais l’allure que prennent les débats liés aux élections à venir, la propension d’anciens présidents à se poser en défenseurs absolus du peuple, me poussent à sortir de ma « tanière ». Car, si on considère que les peuples sont amnésiques, il va de soi que tout le monde n’oublie pas. Ces anciens présidents ne peuvent donc ambitionner, bonnement, comme si on avait tous déjà oublié leur passage aux affaires, de faire la leçon aux actuels dirigeants. J’ai donc décidé de me saisir de ma plume pour leur rafraîchir un peu la mémoire et, partant, au peuple.
De notoriété publique et depuis quelques jours maintenant, s’est imposé un triste constat par endroits dans notre pays et particulièrement à Cotonou. En effet, d’insoupçonnables personnalités au regard des hautes fonctions qu’elles ont eu à occuper naguère dans notre pays, sinon à sa tête, se sont mises à tenir des propos et à se livrer à des comportements d’une indignité, d’une trivialité et d’une gravité ahurissantes, largement relayées par les canaux de diffusion de toutes sortes.
Ainsi, et c’est peu de le dire, le président Nicéphore D. SOGLO s’est littéralement déchaîné, non pas véritablement contre l’Exécutif dans son ensemble, mais singulièrement contre la personne même de l’actuel Président de la République, son Excellence, Monsieur Patrice TALON, en s’attaquant vivement à sa vie privée, avec force propos et remarques allant des plus désobligeants aux plus abominables sur fond de contrevérités pour le moins avilissantes et diffamatoires. Volontiers, d’autres l’auraient fait, mais la décence et surtout le grand respect dus aux institutions de la République à travers les personnalités qui les incarnent dignement, obligent à passer sous silence les énormités gravissimes qu’a déversées la bouche de cet octogénaire dans le vil dessein de jeter le discrédit sur la personne du Chef de l’Etat, de fragiliser sa gouvernance pour, en définitive, hypothéquer son mandat, en haranguant la population à la rébellion. Comme justificatif de ses propos et de sa conduite on ne peut plus abjects, Nicéphore SOGLO allègue notamment, contre le pouvoir, la tyrannie, la confiscation des libertés individuelles, bref, la dictature, en sus de graves accusations plutôt gratuites. L’intéressé ne s’est pas non plus embarrassé de scrupules pour proférer carrément de lourdes menaces contre le Chef de l’Etat à qui il promet la pendaison, sans autre forme de fioritures.
Pour sa part, l’ex-président de la République, M. Boni YAYI, fait globalement état des mêmes griefs, en fustigeant dérives liberticides et mauvaise gouvernance caractérisée de la part du pouvoir, pour conclure par un constat de démocratie plus que jamais en péril sous le mandat de Patrice TALON. Par conséquent, usant vertement de propos séditieux, il incite la foule à défier, par la violence, le pouvoir en place. Or, en fait, qui veut donner de leçons de démocratie et de gouvernance à qui ? Et si seulement, comme on le dit, le ridicule pouvait tuer…
En effet, est-il besoin de rappeler que c’est ce néo-chantre de la démocratie, défenseur acharné des libertés individuelles aujourd’hui, Nicéphore SOGLO s’entend, qui, à l’ère du Renouveau démocratique en 1996, a inauguré la pratique de déploiement des chars d’assaut, et qui plus est, contre les institutions de la République telles que la Cour Constitutionnelle (qu’il ne voulut d’ailleurs pas installer et ne le fit que malgré lui), la CENA, voire l’ORTB, afin d’empêcher la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle de cette année-là, passant outre les formes requises en la matière, en cas de contestation ?
Que dire de toutes ces manœuvres visant à transformer le parti politique « Renaissance du Bénin », dans sa configuration originelle, en parti-Etat, avec la célèbre allégorie de la biche devant faire allégeance à la rivière, si elle ne voulait pas mourir de faim ?
Doit-on encore insister sur tant de déviances claniques et boulimiques qui, en définitive, ont poussé les vrais ténors dudit parti à lui claquer la porte les uns après les autres, las et désabusés par tant d’intolérance, de népotisme, d’infantilisation et de caporalisation aveugles ? L’allégorie du cheval et du poulain, chère à feu Florentin MITO BABA en est illustrative à plus d’un titre.
La gestion scabreuse de la ville de Cotonou, restée longtemps aux mains de ce parti à l’époque encore sous l’hégémonie de sa famille, défraie encore la chronique et pointe toujours, d’un doigt accusateur résolu, ce donneur de leçons de génération spontanée, en contraignant du reste l’un de ses fils à la fuite hors du territoire national.
Est-il besoin de rappeler la farouche résistance de cet homme d’Etat à la mise en œuvre des textes fondamentaux de la décentralisation pendant qu’il avait encore en mains les rênes du pays. Il avait bien fallu qu’il cédât enfin la place à son digne et regretté successeur, Mathieu KEREKOU, pour y parvenir.
Enfin, pour n’évoquer que ces faits-là, l’on se souvient en outre que ce démocrate de la 25ème heure n’avait éprouvé la moindre gêne à faire maintenir en geôle le regretté Maurice KOUANDETE aussi longtemps qu’il l’avait voulu, foulant royalement au pied la décision contraire rendue à ce sujet par la Cour Constitutionnelle. Voir quelqu’un de cet acabit s’ériger en maître donneur de leçons aujourd’hui s’avère d’un ridicule plutôt pitoyable.
Logiquement, par ses derniers propos et attitudes, Nicéphore SOGLO mérite bien d’être présenté devant les tribunaux ordinaires compétents pour propos séditieux et diffamatoires aggravés, voire pour atteinte à la sûreté de l’Etat, nul n’étant au-dessus de la loi. Mais, à y réfléchir, ce serait perdre inutilement précieux temps et énergie pour ce qui, vraisemblablement, n’est rien d’autres qu’élucubrations compréhensibles d’un vieux gâteux qui s’imagine toujours au pouvoir, tant il est perturbé par une schizophrénie débutante ou mal soignée.
Le second pourfendeur de l’actuel pouvoir, en la personne de Boni YAYI, n’est pas moins ridicule et pitoyable dans ses actuelles prises de position. En effet, il ne s’agit ni plus ni moins que des manœuvres d’un nostalgique pathologique incurable du fauteuil national, fauteuil qu’il avait éprouvé toutes les peines du monde à céder à un successeur qu’il lui aurait été impossible d’imaginer, même dans ses cauchemars les plus fous, Patrice TALON, son ennemi intime juré, à qui il n’a jamais rien pardonné, malgré la bible offerte ; Patrice TALON à qui il ne saurait du reste rien pardonner, puisqu’il n’y avait décidément rien à pardonner, sinon qu’une mine d’affabulations aussi grotesques que farfelues. Vu sous cet angle, l’on pourrait même être tenté de l’absoudre ou de l’excuser au regard de la dure épreuve qu’il avait dû subir en passant précisément le relais présidentiel à ce successeur-là. Sinon, comment comprendre alors que Boni YAYI se découvre si subitement aujourd’hui l’âme et la vocation de :
défendre les libertés individuelles par la défense d’une démocratie qui serait actuellement en péril dans notre pays ?
prendre fait et cause pour la jeunesse qu’il exhorte à la rébellion contre le pouvoir en place ?
se sacrifier pour l’unité nationale qui serait actuellement mise à mal sous le mandat de ce successeur pour le moins exaspérant ?
Le parcours analytique des points ci-après offre, sous une lumière crue, des réponses sans équivoque aux interrogations ci-dessus :
Boni YAYI, le champion du pardon, pourfendeur de la dictature, s’est pourtant tristement illustré, à la suite de son prédécesseur, Nicéphore SOGLO, comme le véritable champion de l’exhibition des chars d’assaut qu’il n’hésitait alors pas à déployer pour un rien à travers artères et points stratégiques des villes, Cotonou et Porto-Novo principalement, pour peu que syndicalistes et autres groupes projettent d’organiser quelque mouvement revendicatif ou de contestation lié à la jouissance des droits syndicaux et des libertés individuelles.
Le nouvel ardent défenseur de l’unité nationale, a déjà oublié qu’il avait menacé de soulever une partie du pays, du peuple, « les miens », comme il disait en ses heures de triste gloire et de triste souvenir, pour en découdre avec une autre partie du pays, du peuple, qui n’était que chose exécrable. A ce propos, ne s’avère-t-il pas opportun de se remémorer les graves révélations de Mme Rosine SOGLO, elle-même, révélations selon lesquelles le susnommé, encore chef de l’Etat, avait juré sans ambages, devant elle, Rosine SOGLO, et d’autres témoins, qu’il mettrait le pays à feu et à sang s’il n’avait pas gain de cause ?
Boni YAYI n’a plus souvenance de la transformation de l’ORTB en caisse de résonnance du pouvoir FCBE, en instrument de culte intense et étouffant de la personnalité du chef de l’Etat, en son griot personnel de propagande permanente à temps et à contretemps, au grand dam des autres formations de l’opposition, interdites d’accès, réduites au silence absolu, voire à la clandestinité ; au grand dam de maints journalistes qui n’avaient d’autres choix que de se résigner à subir l’enfer du monolithisme ou de prendre courageusement la clef des champs ; au grand dam des millions d’auditeurs et de téléspectateurs qui, constipés en définitive par les mêmes images ennuyeuses et discours vaseux, ont fini par s’attacher à d’autres chaînes de télévision pourtant payantes, qu’importe le coût. Comment ne pas se rappeler le bâillonnement de la quasi-totalité des organes de la presse écrite ou orale, publique comme privée, qui n’avaient pour survivre que le choix de se résoudre à la langue de bois dictée par la pensée unique FCBE, sinon de vivre d’expédients ou de fermer boutique ? Même l’antenne de relais des émissions de la célèbre Radio France Internationale au Bénin avait, à l’occasion, fait les frais de l’humeur de notre donneur de leçons qui en avait ordonné la coupure sans autre forme de procès. Or, aujourd’hui, tout le monde en convient et pourrait en témoigner aisément : les organes publics de presse et de communication sont ouverts à tous les courants qui y vont s’exprimer librement dans les règles de l’art tandis que leurs activités, même en contestation de l’équipe dirigeante, sont largement relayées en temps opportun et autant que possible, à preuve, entre autres, la couverture sans la moindre velléité de censure des dernières assises des forces de l’opposition tenues récemment à Djeffa, commune de Sèmè-Podji. Dans cette même logique, les chaînes de télé et les stations de radio privées émettent librement sur les thèmes les plus variés, le cas de Soleil FM en étant la parfaite illustration.
Ajoutons à l’actif, sinon au passif du docteur consultant expert en gouvernance étatique et en gestion des grandes entreprises nationales, l’embrigadement et la politisation à outrance de l’administration publique, sur fond de nominations politiques de nombre de responsables médiocres, ignares ou mal positionnés pour la plupart, destructeurs et prédateurs conscients ou inconscients du patrimoine national. Et l’on ne saurait passer par pertes et profits son parrainage des scandales les plus abominables que notre pays ait jamais connus et qu’il serait fastidieux et constipant de citer exhaustivement ici. Seulement, sachons notamment que le fantôme des turbines cadavériques de Maria-Gléta n’aura jamais de cesse de le poursuivre, sans oublier entre autres, les ferrailles des machines agricoles, le béton silencieux du chantier de l’assemblée nationale qui se dresse sinistrement, comme un symbole insolite, à l’entrée de Porto-Novo, notre capitale, ainsi que tant d’autres éléphants blancs et d’autres pièges à hommes qui ont cruellement fait saigner les caisses de l’Etat avec leurs lourds corollaires d’incommensurables dettes pour les générations futures.
L’avocat chevronné de la jeunesse est aujourd’hui amnésique de son parrainage publique et notoire, alors à la tête de notre pays, de la plus vaste escroquerie en bande organisée dite « affaire ICC Services et consorts » ; amnésique également de sa caution indubitable à l’organisation de plusieurs concours frauduleux, à l’occasion desquels une multitude de jeunes et de pauvres parents se virent impitoyablement non seulement escroqués financièrement, mais aussi, floués par la suite pendant que les proches, parents et amis, qui n’y avaient même pas pris part, bénéficiaient d’admissions multiples.
En outre, le peuple béninois se souvient toujours de l’affaire dite « Dangnivo », du nom de ce malheureux cadre du ministère des Finances, inexplicablement disparu depuis jusqu’à ce jour, et bien d’autres disparitions, assassinats et morts mystérieuses de citoyens dans la foulée, toute chose constituant tant de drames de triste mémoire, d’indélébiles conséquences familiales et sociales.
Qui sont-ils et où sont-ils, ces patriotes-là qui veulent brusquement aujourd’hui se sacrifier par amour pour leur patrie en poussant en avant, dans leur délire, de pauvres concitoyens naïfs qui n’y comprennent rien à rien ?
Chers compatriotes, il faut raison garder et ne point verser dans leur plaisanterie, dans leur comédie, de très mauvais goût, puisque dangereuse, voire mortelle.
En effet, les peines et les misères d’aujourd’hui ne sont rien d’autre que les fruits amers et âcres de stratégies mal pensées, mal supervisées et mal exécutées, d’errements indignes des cadres de leur acabit, de la gouvernance à l’aveuglette, aux conséquences catastrophiques de ces véritables loups prédateurs du patrimoine national, loups revêtus aujourd’hui de peau d’agneau pour vous abuser de nouveau s’ils parvenaient, par extraordinaire, à renverser l’ordre et la rigueur du nouveau départ, en rupture avec les pratiques abjects d’un passé à jamais révolu. Car, il est plus que temps de résorber la dégénérescence des valeurs, principal vecteur de la perte des repères.
En tout état de cause, le pouvoir incarné par son Excellence Monsieur Patrice TALON, n’entend se laisser nullement distraire par qui que ce soit et par quelque manœuvre que ce soit, dans sa marche résolue vers le développement, conformément aux normes en vigueur dans notre cher pays. Le Gouvernement de la Rupture et du Nouveau Départ fera donc prévaloir, quoi qu’il en soit, les rigueurs de la loi, en prenant, le cas échéant, toutes les mesures légales et réglementaires qui s’imposent pour préserver l’ordre public et la paix sociale. A bon entendeur, salut !
Wahab DJIBRIL TAOFIKI
Consultant en management des organisations, observateur de la vie politique nationale.