Par : Euloge OKAMBAWA (Coll.)
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Au lendemain des échauffourées, à l’appel de l’opposition contestant des élections législatives marquées par une très forte abstention, l’heure est déjà à la nécessité d’un dialogue sincère, pour colmater les brèches et renouer avec la paix sociale et la concorde nationale. On distingue difficilement les pyromanes d’hier des sapeurs-pompiers qui s’activent aujourd’hui pour la réconciliation des esprits. Même ceux qui avaient fermement souscrit à faire feu de tout bois pour l’arrêt ou l’annulation du processus électoral reviennent à la raison, et invitent à un dialogue sincère.
C’est à croire que ceux qui se sont laissé instrumentaliser par cette classe politique aux abois, se sont juste laissé abuser à tort. Les principaux auteurs des appels obstinés à la désobéissance civile et à l’insurrection populaire ne croient presque plus à la vertu de leur propre recette. De toute évidence, l’obstination à réclamer l’annulation du scrutin du 28 avril 2019 s’essouffle déjà peu à peu. Les scènes de violence et de vandalisme qui ont pollué l’atmosphère sociale à Cotonou, le 1er mai dernier, relèvent maintenant d’un cauchemar orphelin, au grand dam des jeunes qui avaient été à la manœuvre avec ferme foi et ferveur, pour servir de chair à canon pour les politiciens déjà repus.Bref, le calme revient peu à peu dans l’ensemble du pays, via les multiples appels au dialogue et à la préservation de la paix de ces derniers jours au Bénin. On oubliera bientôt ces pauvres innocents qui ont risqué leurs vies pour des intérêts inavoués des politiciens d’ici. Il en a toujours été ainsi au Bénin comme ailleurs. L’histoire récente de l’Afrique enseigne que seules les figures de proue de la lutte pour la liberté sont retenues comme héros. Les milliers de victimes innocentes, qui payent de leurs vies pour la noble cause, passent toujours dans l’anonymat. Cela devrait interpeller tous nos concitoyens naïfs, qui répondent promptement aux appels à la contestation venant des politiciens, dont le seul souci est d’instrumentaliser de pauvres innocents à leur cause. S’il est évident que toutes les incompréhensions entre les acteurs politiques fi nissent toujours sur des tables de négociation et de réconciliation entre les principaux protagonistes, pourquoi de pauvres citoyens devraient-ils exposer leur vie à leur cause ? Si, dès le lendemain des violences postélectorales, tous les acteurs politiques sont automatiquement favorables au dialogue pour une sortie de crise pacifi que, pourquoi d’honnêtes citoyens devraient-ils se laisser mener en bateau et prendre le devant des contestations dont ils ne connaissent pas toujours les motivations profondes ?
En tout cas, toutes les victimes des émeutes des 1er et 2 mai derniers à Cotonou ou ailleurs au Bénin seront bientôt rangées dans les poubelles de l’histoire. Tout au plus, au début des négociations pour la paix et la réconciliation, on aura une pensée pour eux, à travers la traditionnelle minute de silence. Et, ‘’Que faire pour éviter de telles violences à l’avenir’’ devient le seul leitmotiv de ceux-là mêmes qui ont attisé toute la discorde sociale, pour leurs intérêts égoïstes inavoués. Tous deviennent des artisans farouches de la paix ; une paix qui passe désormais, selon leurs propos, par le dialogue et non la violence, comme pour banaliser les vrais héros ou martyrs de leurs bêtises. Comme quoi, on ne joue pas au héro. On est héro. C’est l’histoire qui consacre ses héros. Sachons donc raison garder, face aux appels à l’insurrection populaire venant de nos « politi-chiens » d’ici, rompus aux manœuvres politiciennes les plus atypiques, qui savent bien que le citoyen ne saurait transcender l’Etat ; et qu’au Bénin du renouveau démocratique, l’alternance au pouvoir est régie par un ordre constitutionnel consacré, qu’on ne saurait froisser, au gré des humeurs et intérêts sordides de quelque citoyen que ce soit. A qui sait comprendre, peu de mots suffi sent, dit-on.