Bénin : Ce que pense Christhelle Houndonougbo du parrainage

La Directrice de l’Administration de l’Union Progressiste, Madame Christhelle Houndonougbo était l’invitée de du magazine 5/7 matin, de la télévision nationale en début de cette semaine. À l’occasion, il lui a été donnée l’opportunité d’apporter des éclaircissements sur plusieurs dossiers dont l’établissement et la distribution des cartes de membres UP aux militants du parti ; le parrainage des candidats aux prochaines élections présidentielles ; et ce scrutin tant attendu. Lisez ici, l’intégralité de son intervention.
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Votre parti, l’Union Progressiste se réclame le plus grand parti du Bénin. Il a été porté sur les fonts baptismaux en décembre 2018. C’est bien cela ?

Christhelle Houndonougbo : C’est bien cela et puis l’Union Progressiste ne se réclame pas, mais dans le Bénin d’aujourd’hui, l’Union Progressiste est le plus grand parti politique du Bénin.

Avec un peu moins de 50 députés à l’Assemblée nationale et un peu plus de 42 maires, c’est bien cela ?

C’est bien cela.

Combien sont-ils finalement les membres de l’Union Progressiste  aujourd’hui ?

Aujourd’hui, nous avons dans notre base de données, environ 500.000 béninois et béninoises qui se sont inscrits et qui ont adhéré à l’Union Progressiste.

On a constaté depuis quelques semaines, la délivrance des cartes de membre. Pourquoi vous avez décidé d’estampiller tous les membres de l’Union Progressiste ?

Vous savez que en fait l’Union Progressiste, dans sa marche vers un parti d’envergure nationale, dans sa marche vers un parti qui va aux élections et qui gagne, qui va à la conquête de pouvoir et qui gagne le pouvoir et l’exerce, bien entendu, l’Union Progressiste doit passer par certaines étapes. Ces étapes lui permettent de consolider ses bases, de consolider ses acquis. C’est dans ce cadre qu’au niveau de l’Union Progressiste, nous sommes en train de faire le point de notre base de données et de voir combien de béninoises et de béninois nous font confiance, les immatriculer pour que cela prouve que tel ou tel est militant de l’Union Progressiste. C’est dans cet exercice que nous sommes et nous le ferons pendant deux semaines sur l’ensemble du territoire national.

Pourquoi vous avez besoin forcément d’estampiller les militants ?

Je disais tantôt qu’il fallait qu’on identifie nos militants et nos militantes. Ce n’est pas que nous avons peur qu’ils s’en aillent mais, un parti sérieux qui se construit et qui se consolide doit pouvoir savoir combien sont ses militants. C’est la première raison de notre action. La deuxième raison, nous voulons fidéliser nos militants, nous voulons instaurer une confiance entre le militant et son parti. La troisième raison qui justifie cette opération, c’est que l’Union Progressiste engage le processus de mise en place des instances exécutives de ses structures de base, à savoir les cellules, les sous-sections et les sections.
Donc, sans cela, nous ne pouvons pas le faire. Nous avons besoin d’avoir une liste électorale en notre sein pour aborder dans la transparence totale au sein donc du parti, la mise en place de ces structures. Pour un parti qui se veut grand, c’est une étape cruciale. C’est d’ailleurs une étape difficile et si nous ne savons pas aborder cette étape, nous pouvons créer des problèmes au niveau donc de nos bases. Ces précautions pour faciliter la tâche à nos comités communaux, à nos coordinations départementales, il est question que nous puissions estampiller, et comme vous l’avez dit, immatriculer nos militants qui, en fait, en adhérant, en recevant leur carte et en payant leur droit d’adhésion, ils ont droit systématiquement de participer aux assemblées générales qui nous permettent d’avoir les instances dirigeantes de nos structures de bases.

Y-a-t-il des gains pour un militants qui dispose de sa carte de membre ?

Absolument. Le militant qui adhère, qui a sa carte de membre a déjà un avantage, l’avantage de participer aux élections à la base, ensuite, de pouvoir prendre des décisions ou de pouvoir être associé aux décisions prises par le parti. Aujourd’hui à l’Union progressiste, après cette étape, nous irons aux assemblées générales, il sera question pour nos militants de participer à la mise en place des instances supérieures du parti en commençant donc par la base. Chaque militant, qu’il soit le Président du parti Bruno Amoussou ou qu’il soit Christhelle Houndonougbo, Directrice Administrative du parti, ne peut accéder aux instances dirigeantes du parti sans passer par la base. C’est pour consolider le parti, maintenir le parti quelle que soit la situation, que le militant à la base sente que sa décision ou son point de vue est pris en compte dans la gestion du parti.

Les partis politiques généralement par le passé, utilisaient les cartes de membre comme étant des moyens pour leurs membres d’accéder à des fonctions politiques ; c’est-à-dire que si quelqu’un n’est pas membre d’un parti qui est au pouvoir et qu’il ne peut pas le prouver, on ne lui accorde pas un poste de responsabilité. Est-ce que le fait de donner des cartes de membre aujourd’hui n’est pas également une façon de faire un peu de pression sur des personnes qui restent un peu en marge du parti pour obtenir non seulement des poste de responsabilité au sein du parti mais aussi au sein des structures de l’Etat ?

Non pas du tout. Ce que nous faisons, ce n’est pas pour faire pression politique sur qui que ce soit dans le pays. C’est d’abord pour faire une pression à l’interne sur nous-mêmes par rapport à notre appartenance, notre fidélité à notre parti. La carte permet aussi aux membres du parti de se reconnaitre. Dès que nous sommes ensemble, nous pouvons exhiber notre carte de membre pour dire que nous sommes progressistes. Quand nous le faisons, c’est pour consolider le parti, c’est pour permettre au parti politique d’identifier ses militants et ses militantes. La carte ne donne pas accès à un emploi. La carte ne donne pas accès à une nomination. Mais, un militant engagé qui a sa carte et qui participe aux activités du parti, qui a les compétences requises, peut être proposé par son parti pour accéder à des postes politiques. Personne ne nous reprochera cela. Mais, systématiquement, ce n’est pas une carte, ce n’est pas un sésame qui nous donne droit à un emploi ou à un poste politique, mais, pour être membre et reconnu comme comme tel.

Donc il n’y a pas de membres sympathisants ?

Non ce n’est pas ça. Au niveau de l’Union Progressiste aujourd’hui, nous sommes en train de consolider notre base de données en ce qui concerne les membres qui ont adhéré et qui ont leur carte de membre. L’autre étape pour nous, forcément, c’est que nous aurons des membres sympathisants. Et ils sont peut-être plus nombreux que les membres adhérents. Nous allons nous occuper de ces gens-là (membres sympathisants ndlr).
Ces personnes auront aussi certainement leur carte, mais carte de membre sympathisant du parti pour qu’on puisse reconnaitre qui est membre adhérent et qui est membre sympathisant. Nous sommes dans une construction et nous allons continuer et avancer pour avoir un parti qui fasse la fierté de chaque béninoise et de chaque béninois qui accepte d’adhérer mais aussi des béninois qui même état hors de l’Union Progressiste, soient fiers d’avoir dans leur pays, un parti qui se construit et qui s’engage.

Vous faites rêver avec ces perspectives là ; on a l’impression d’aller vers des partis comme ceux des français, comme le parti socialiste ou le parti les républicains en France où on peut participer aux instances dès qu’on est membre adhérent et voter pour celui qui dirige le parti au plus haut niveau. Est-ce que vous avez en perspectives dans les mois et années à venir de faire élire le président de l’Union Progressiste par les membres qui auront ainsi leur carte ?

C’est ce que j’ai signifié tout à l’heure en disant qu’il n’y aura plus de générations spontanées à la tête des instances dirigeantes de notre parti. Nous aurons des militants qui auraient commencé leurs expériences à la base pour aller au sommet. Je pense que c’est en le faisant que nous allons réussir l’enracinement de nos partis politiques dans notre pays. Tant que nous ne permettrons pas à la base d’élire les dirigeants du parti, nous aurons toujours des problèmes. Les statuts de l’Union Progressiste ont prévu que la mise en place des instances parte en réalité de la base. Et puisque vous l’avez signifié tout à l’heure, nous sommes nés en 2018 et depuis lors, nous travaillons pour la construction donc du parti. Nous travaillons pour respecter les statuts et règlement du parti. Nous travaillons pour ancrer notre parti dans le quotidien des béninois en les encourageant, en les amenant vers les décisions, à prendre eux-mêmes les décisions qui concernent leur parti. C’est ce que nous faisons et nous allons rester dans l’effort. Je crois que d’ici quelques années, nous constaterons qu’au Bénin, il y a des partis bien organisés, bien structurés. Certainement que ce ne serait pas seulement l’Union Progressiste qui serait ce parti dont rêve chacun de nous, mais qu’il y aura d’autres aussi qui se mettront au travail pour que nous puissions avoir des parti politiques qui sortent et qui parlent au nom des béninoises et des béninois, des partis qui en réalité interviennent pour que nous puissions travailler et développer ce pays et que nous arrêtons déjà avec les querelles. Il faut que nous nous engagions vers des partis politiques qui participent au débat politique, au débat de développement de notre pays.

Est-ce que dans cette perspective, vous êtes consciente, madame la directrice de l’administration de l’UP, qu’à l’occasion des élections à l’interne, vous pourriez éventuellement ne plus être à cette fonction-là, ne plus être à un poste de responsabilité au sein du parti alors que dans votre posture actuelle, vous avez des avantages au sein du parti que vous pourriez perdre ?

Écoutez, nous construisons l’Union Progressiste avec ses membres. Tout à l’heure, en montrant qu’aujourd’hui, c’est le militantisme qui est l’élément clé, le militant se mette à la disposition du parti, nous ne construisons pas l’Union Progressiste en faisant miroiter les avantages aux uns et aux autres. Et aujourd’hui, à l’Union Progressiste, il y a plus de bénévolat. Nous avons une trentaine de commissions, de comités, de groupes de travail aujourd’hui à l’Union Progressiste sans pour autant leur payer un franc pour ce qu’ils font. Nous privilégions le bénévolat, le volontarisme de chacun pour la construction du parti. Bien entendu que l’Union Progressiste aujourd’hui, a deux structurations. Il y a la structure administrative et la structure politique. Et au niveau de la structure administrative, le parti se doit de mettre les moyens à disposition pour que nous puissions structurer le parti et que le parti vive administrativement.
Mais, si aujourd’hui, je suis dans une position où le parti met certainement des moyens à ma disposition pour que je puisse faire le travail et que demain je quitte, comprenez que celui qui viendra après moi bénéficiera donc de ces avantages. Personne n’est indispensable au niveau donc du parti bien qu’étant engagé, vous pouvez vous retrouver dans d’autres positions. En tout état de cause, ce n’est pas le gain immédiat que nous visons. En tout cas, en ce qui me concerne, ce n’est pas le gain immédiat qui fait ma préoccupation. Ma préoccupation, c’est avoir une satisfaction morale d’avoir participé à la construction d’un idéal, de faire rêver les béninois et les béninoise. C’est pour cela nous sommes à la tâche.

On sait que les partis politiques, c’est la conquête du pouvoir et pour 2021, est-ce déjà joué pour vous ?

A l’Union Progressiste, vous devez constater que depuis quelques mois, nous allons par étape. Nous sommes dans un processus à l’Union Progressiste et chaque membre, chaque dirigeant de l’Union Progressiste vous dira que nous travaillons pour pouvoir aborder avec sérénité, les élections de 2021 et les gagner. Et pour les gagner, nous devons travailler. Même la remise des cartes de membre, la fidélisation et l’immatriculation de nos membres participe aussi aux résultats des élections de 2021. Comme je l’ai dit tantôt, laissez le temps à l’Union Progressiste d’arriver à une étape où elle peut vous dire : voilà, nous avons déjà mis les bases, voilà notre candidat et nous nous engageons pour la victoire en 2021.

Est-ce que cela veut dire que jusqu’à présent, vous ne connaissez pas votre candidat ?

Ce ne serait pas juste de nous dire que nous ne connaissons pas notre candidat. Ce n’est pas parce que nous connaissons que nous dirons systématiquement voilà notre candidat. Nous avons des réglages à faire. Nous avons notre politique que nous devons finaliser et c’est sur la base de cette politique-là, que nous identifions, que nous confirmons que voilà le candidat qui peut porter donc la politique sociale de l’Union Progressiste. Ne vous en faites pas, l’Union Progressiste, étant le plus grand parti, la plus grande formation politique de notre pays, ne peut pas ne pas avoir un candidat et participer aux élections de 2021.

A ce propos, la question du parrainage se pose avec beaucoup d’acquitté. Est-ce que vous allez donner une consigne aux membres du parti qui sont de potentiels parrains pour porter un candidat ?

Non, le problème du parrainage ne se pose plus dès lors que la Céna qui est l’instance qui s’occupe de l’organisation des élections nous a déjà donné son point de vue par rapport au parrainage. Je pense que nous l’avions compris.

Allez-vous laisser vos parrains choisir leurs candidats ?

En fait, ce que la Céna a voulu faire à ma compréhension, la Céna a mis et élus, et partis politiques face à leur responsabilité. Etant donné que les élus font partie d’un parti politique puisqu’ils ont été présentés par un parti politique, nous ne demandons pas que les partis politiques exercent une pression sur eux par rapport au parrainage. Mais, nous sommes dans un système, le système partisan, qui veut que les partis soient plus forts, mais aussi que nous sommes dans un virage aujourd’hui, nous sommes dans une transition qui nous demande un peu plus de souplesse. Je pense que c’est cette souplesse qui s’affiche à travers cette forme de parrainage que nous voulons en réalité expérimenter pour les élections de 2021.

Qu’est-ce que vous comprenez par la souplesse dont vous parlez ?

Quand nous prenons la loi sur le parrainage, c’est vrai que l’interprétation actuelle, peut-être, ne convient pas à certains personnes qui, juridiquement, se disent ce que nous voulons faire n’est pas soutenable. Mais, au plan politique, nous pensons que cela peut être soutenable. Nous sommes dans une transition où il faut laisser que nous allions aux élections de façon apaisée. Donc, nous pouvons toujours l’essayer. Mais, qu’on le veuille ou non, un élu au sein de son parti politique, pour la consolidation du parti, pour le respect même que l’élu a pour son parti, certainement que l’élu informera tout au moins son parti politique qu’il parraine tel ou tel candidat.

Au sein du parti, peut-on dire non à un élu par rapport à tel ou tel candidat ?

Pour l’instant, l’Union Progressiste n’est pas dans cette position de refus de parrainage à ses élus.

Donc tout peut arriver ?

Non. C’est surtout ça que nous devons refuser dans une république qui se construit. Tout ne doit pas arriver dans une république qui se veut respectueuse des textes et qui s’engage dans le développement. Ce « tout » dont vous parlez doit être encadré.

Quelle va être la suite du processus ?

La suite du processus, vous devez le constater, c’est que le relais est pris par nos départements. Nos coordinations départementales font le lancement au niveau des départements du Bénin. A l’Union Progressiste, nous avons treize départements politiques au lieu de douze départements au plan administratif. Quatre départements l’ont déjà fait la semaine dernière. Par la suite, les comités communaux prendront le relais, ensuite les arrondissements jusque dans les villages pour la remise de ces cartes de membre. Cette opération nous permettra de corriger et de mettre à jour, notre fichier central. Nous allons continuer les enregistrements en ligne.
Au finish, c’est pour organiser avant la fin de l’année, les assemblées générales au niveau de nos cellules de base pour remonter jusqu’au niveau communal.

Ça veut dire que, désormais, pour participer aux assemblées générales, si un militant ne présente pas sa carte de membre, il ne passe pas ?

Pour les assemblées générales au niveau de la base, il faut présenter sa carte de membre. Ce qui suppose que vous faites partie de la liste électorale et vous pouvez participer à ces assemblées générales. Mais, à toutes les activités du parti, tous les membres, que vous soyez adhérents ou sympathisants, vous participez aux activités de l’Union Progressiste. Mais, les activités qui donnent droit et pouvoir aux électeurs, vous devez présenter votre carte.

Merci Christhelle Houndonougbo.

C’est moi.
Transcrit par : Olivier HOUENOU
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