Par : Is-Deen O. TIDJANI
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Ce mardi 27 Juillet 2021 démarre officiellement les assises des Conférences de l’Union. Ayant pour thème : « 61 ans d’indépendance : Quelle Afrique ? », ces assises qui durent quatre jours seront meublées par plusieurs pannels. À l’ouverture des portes travaux, Monsieur Bruno AMOUSSOU, Président du Parti Union Progressiste, a décliner les raisons de ce grand rendez-vous. Découvrez ici, l’exclusivité de ce qu’il a dit.
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Chers amis,
Dans quelques jours, nous allons célébrer l’anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays. Moment important pour ceux qui ont lutté pour son avènement, sa répétition annuelle lui a enlevé, au fil du temps, la charge émotionnelle et combattante de ses premières années pour en faire un rituel auquel peu de nos concitoyens prêtent l’attention souhaitée. Ils n’en retiennent que le jour chômé et payé ainsi que la parade militaire. Seules quelques interviews de responsables politiques tentent de rallumer la ferveur initiale à la fin des manifestations officielles,
Il n’est guère surprenant, par conséquent, que l’actualité nationale ne soit pas dominé par l’approche de la commémoration de ce qui apparait, avec le temps, comme un réaménagement des relations de la France avec ses colonies en Afrique. En la circonstance, reconnaissons que la rupture affirmée dans les proclamations solennelles n’apparait ni dans les faits ni aux yeux des populations qui vivent dans la continuité de leurs pénibles conditions. L’habillage opéré à l’époque a été si bien fait que la jeunesse en vient, parfois, à en admirer l’élégance. C’est dans cet esprit, qu’elle rejette les analyses approfondies et documentées, pensant pouvoir sortir de sa situation par des raccourcis.
Il est vrai que l’environnement international incline à croire que les mécanismes d’exploitation mis en place durant les siècles précédents sont aujourd’hui obsolètes et relèvent d’un passé révolu. La séduction qu’exercent les nouvelles technologies de l’information et de la communication laisse à penser qu’une ère nouvelle s’ouvre, sans aucun rapport avec le passé. Or il suffit d’observer les comportements des personnes, des entreprises et des pays pour se rendre compte de la permanence d’invariants dont la combinaison s’opère selon les périodes. Pensons aux valeurs humaines, aux aspirations à la liberté et au bien-être, à la défense des intérêts, aux combats légitimes, aux visées hégémoniques et d’exploitation etc.
Telles furent les motivations de ceux qui ont lutté pour l’indépendance. La conquête des libertés dans tous les domaines, par rapport à la nature ou au vivre ensemble, a stimulé leur courage et justifié leurs sacrifices. Ils ont agi avec les armes à leur disposition et selon des modalités en adéquation avec leur époque. Aussi, rappeler ces invariants chaque fois que de besoin et les contextualiser, apparait, à l’Union Progressiste, comme un devoir de mémoire pour asseoir la pérennisation des résultats de nos efforts d’aujourd’hui.
Ces dernières années, notre pays connait de profondes transformations. Certaines sont immédiatement visibles comme celles qui affectent notre cadre de vie : routes, rues, électricité, eau potable etc. D’autres sont plus discrètes parce qu’elles s’expriment par des moyens immatériels. Il en va ainsi pour l’immense travail de modification et d’amélioration des structures et des méthodes de gestion, notamment des affaires publiques. Il en va ainsi également pour le recours progressif aux moyens électroniques de traitement des données. A ce jour, ces transformations impactent la vie quotidienne d’un grand nombre de citoyens ; ce qui explique l’ampleur et la vivacité des débats, du reste hygiéniques pour la démocratie, que l’on observe depuis quelque temps.
Les acteurs de la vie politique ont surtout porté leur attention sur la réforme du système partisan. Qu’ils aient été encouragés ou pénalisés par les nouvelles règles, ils partagent tous la perte du confort que procurent la routine, la sclérose et les baignades dans la médiocrité. Bousculés comme d’autres dans leur secteur, il leur arrive de gémir en silence et de déplorer l’impossibilité grandissante d’un retour aux pratiques antérieures.
Les chefs d’entreprise, créateurs d’emploi, se félicitent quant à eux des facilités offertes par la digitalisation des procédures de l’administration publique. Pouvoir régler ses obligations fiscales, accomplir les formalités douanières, retirer son casier judiciaire ou son acte de naissance, pouvoir consulter son dossier de carrière, tout cela constitue autant d’avancées qui facilitent la vie, limitent les pertes de temps et surtout luttent contre la corruption.
Mais nous savons, d’expérience, qu’aussi salutaires que soient les réformes, elles ne portent leurs fruits, dans la durée, que si elles sont comprises et partagées par un grand nombre d’acteurs et de bénéficiaires. Dans ce registre, l’histoire de notre pays regorge d’initiatives heureuses vite oubliées ou parfois détruites par leurs bénéficiaires non informés et manipulés. La jeunesse n’est pas à l’abri de ces manœuvres car c’est sur le terreau du manque d’information, source d’ignorance, que prospèrent les retours en arrières suivies des recommencements.
Chers amis,
Le monde d’aujourd’hui est la continuation de celui d’hier, surtout pour les pays dominés et fragiles comme le nôtre. Se priver de connaitre les fils qui ont servi à tisser l’ancienne corde, c’est choisir la stratégie du piétinement, de la régression et de l’échec. Aussi l’Union Progressiste se propose-t-elle, pendant quatre jours, de rappeler les fondamentaux de notre situation afin d’éclairer le chemin qui autorise et maintient, dans la durée, la conduite d’une gouvernance de qualité assise sur les réalités béninoises et africaines, l’amélioration du cadre de vie, la création d’entreprises et d’emplois, l’augmentation de la production, une juste répartition des richesses produites et surtout la promotion des valeurs qui avaient assuré la victoire des luttes par le passé.
Il est illusoire d’espérer mieux vivre sans effort et sans lutte. Délivrer des procurations à quelques-uns pour qu’ils engagent le combat au profit de tous n’a pas été la voie choisie par les peuples victorieux. Tous les pays qui ont connu la trajectoire coloniale au même moment que nous ne sont plus au même niveau de développement.
Chers amis,
Que nous reste–t-il à faire si ce n’est de préserver ce que nous avons accompli, revisiter notre parcours, nous ouvrir aux autres, partager nos expériences et surtout nous efforcer d’être les vrais bâtisseurs de notre destin. Tel devrait être notre feuille de route.
Les militantes et militants de l’Union Progressiste y prendront leur part.
Que commencent donc nos travaux à la suite de cette séance inaugurale de l’édition 2021 des Conférences de l’Union.
Je vous remercie