Bénin : Une classe politique sans éthique

Les grenouillages à l’Union Progressiste et au PRD en vue de la fusion des deux partis ont le mérite de sonner une redistribution des dés sur le damier politique. Que d’activismes ces derniers jours ! Tout le monde se repositionne sans éthique et sans aucun égard des militants à la base…

Il faut encore attendre longtemps pour voir l’opinion des militants à la base considérée au niveau des partis politiques. Ces derniers restent encore sous l’influence de leurs leaders charismatiques qui décident de l’orientation selon leurs humeurs et leurs intérêts. On est donc à l’aise d’affirmer que la réforme du système partisan sous TALON, qui voulait sonner le glas de la pagaille de ce qui faisait office de classe politique, a du plomb dans l’aile en cette veille d’élections législatives annoncées inclusives. Idéologie, cette notion n’a pas droit de cité dans la transhumance en cours.


L’Union pour le Développement d’un Bénin Nouveau (UDBN) dont on a dit le requiem, soulève tel un monstre une démission du Bloc Républicain à la grande surprise de tous. Avant l’option de se jeter dans les bras de la formation sous la férule d’Abdoulaye BIO TCHANE, le parti de Claudine PRUDENCIO était resté une loque. Partant, on est droit d’affirmer que c’est plutôt l’ancienne cheffe politique qui avait troqué son manteau contre la défense de la gent féminine qui est descendue du cheval cabré, mais pas un parti. Malgré les interprétations politico-juridiques, difficile de comprendre qu’une formation qui avait disparu puisse renaitre et reprendre son autonomie. Il y a comme une erreur de communication chez Claudine PRUDENCIO.


Cet état de chose n’est pas sans répercussion sur le Bloc Républicain dont le Secrétaire General National s’accroche au poste nonobstant le vent de rajeunissement qui souffle sur les instances dirigeantes des formations politiques soutenant Patrice TALON. La chapelle d’Abdoulaye BIO TCHANE dont le leadership est contesté, en témoigne la friction avec Jean Michel ABIMBOLA et des démissions à la base, est aujourd’hui à la croisée des chemins. En dehors du Ministre de la Culture qui a annoncé son atterrissage un an après sa sortie, le Bloc Républicain a enregistré la transhumance de Karamath FAGBOHOUN, fille du géant politique du Plateau Séfou FAGBOHOUN. Difficile de comprendre que cette dernière quitte un parti debout pour le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) d’Adrien HOUNGBEDJI, une formation dans le brancard en route vers la morgue. Et les indiscrétions annoncent que l’ancienne maire d’Adja Ouèrè rencontrera dans le nouveau parti qui naitra du mariage UP-PRD, son rival Jean Michel ABIMBOLA, une alliance contre nature. (Il est bien de rappeler que c’est l’opposition entre Jean Michel ABIMBOLA et Karamath FAGBOHOUN qui a fait perdre à la dernière la mairie d’Adja Ouèrè et a suscité la sanction du premier au BR).


Ainsi à la mouvance, le marché des transferts continue. Avec la tournée entamée par BIO TCHANE, il ne serait pas étonnant d’entendre dans les jours à venir des ralliements de son côté.
Dans d’autres formations de la mouvance tel le Mouvement des Elites Engagés pour l’Emancipation (MOELE) du Bénin, des mutations sont annoncées les jours à venir.

Quid de l’opposition…

« Le mal transhumant » ronge aussi l’opposition. Le Parti pour l’engagement et la Relève (PER) de Nathanael KOTY et la Dynamique Unitaire pour la Démocratie et le Développement (DUD) de Valentin Aditi HOUDÉ seraient en train de lorgner du côté de la mouvance de Patrice TALON.

Seuls Les Démocrates en faction avec leur leader charismatique Boni YAYI sont encore stables. Dans l’anti chambres des autres coteries de l’opposition, on n’exclut pas des fusions afin de ne pas être confronter à la barrière des 10% à obtenir aux élections. La participation à ces joutes s’avère obligatoire pour nombre d’entre elles qui ont brillé par leurs absences aux joutes antérieures au risque de disparaitre aux termes des dispositions de la charte des partis politiques.


On croyait que la transhumance était endiguée mais hélas, elle est maintenant vive. La saignée ne s’arrêtera pas si tôt consacrant une faillite du système partisan.

À qui la faute ?

En attendant tout porte à croire qu’il y a un manitou du côté du pouvoir qui gère la tablette pour la reconfiguration de la classe politique car tout se joue en faveur de Patrice TALON même si dans… un grand irrespect des militants.

Par : Raoul HOUNSOUNOU
© BOULEVARD DES INFOS

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