Par : Chafick FAGBÉMI
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Au Bénin, les professionnels des médias iront aux urnes le 9 juin 2024 afin de designer leurs représentants à la prochaine mandature de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC). Mais avant, le Comité de facilitation de la carte de presse que préside Michel Ahonon, est monté au créneau dimanche 17 Mars 2024 à Cotonou, pour dénoncer plusieurs irrégularités qui entachent le processus mis en branle.
Des irrégularités qui souligne ce comité, décrédibilisent tout le processus. « (…Notre problème n’est pas un problème de candidature. C’est un problème de principe et de respect des textes… Nous devons pouvoir manifester notre désaccord par rapport à cette mascarade…» dénoncent les conférenciers. Ils proposent dès lors, l’arrêt du processus pour un dialogue inclusif, gage d’une élection pacifique et apaisé. Lire ici, l’intégralité de leur déclaration.
Conférence de presse du Comité de Facilitation de la Carte de Presse
Cotonou, Maison des Médias Thomas Mègnassan
Dimanche 17 Mars 2024
Mesdames et messieurs, professionnels des médias de toutes catégories
Chers amis
Le 08 décembre 2023, en ces mêmes lieux, nous vous avions conviés pour dénoncer ce qui se tramait à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication en ce qui concerne les élections de nos représentants devant siéger à la prochaine mandature de l’institution.
Aujourd’hui, force est de constater qu’en dépit de la disponibilité offerte par les associations professionnelles pour apporter des amendements au projet de document portant cadre juridique des élections, les conseillers de la HAAC ont foncé tête baissée pour imposer by force à toute la Corporation, un cadre juridique inapproprié, truffé de rétropédalage et de dispositions attentatoires à la loi qui encadre l’activité des médias et au code de déontologie de la presse béninoise.
De quoi s’agit-il encore ?
Par décision N° 24-018/HAAC du 28 février 2024, 6 conseillers sur 8 ont siégé et adopté le cadre juridique des élections alors qu’aucun acte officiel ne fait état de l’absence de nos représentants qui siègent au sein de l’institution en ce moment.
Cette façon de procéder constitue à nos yeux une hypocrisie institutionnelle
intolérable.
Aussi, grande fut notre surprise de constater que la Haac, institution de régulation des médias, qui devrait avoir pour souci premier l’assainissement du cadre institutionnel, se permet de dévaloriser la carte de presse en rendant une décision dans laquelle elle estime que tout détenteur d’une carte d’identité biométrique ou du CIP ou du passeport pourrait s’inscrire sur les listes électorales. Cette aberration tranche définitivement avec les acquis obtenus difficilement au prix de sacrifice.
Il nous plaît de rappeler au président de la HAAC, à toutes fins utiles, que ce sont les acteurs des médias qui ont arrêté en 2014, aux deuxièmes états généraux de la presse que l’identification des professionnels des médias doit se faire avec la carte de presse. Cette volonté affichée s’est matérialisée un an plus tard par le Code de l’information et de la communication en 2015 notamment à l’article 21.
Honorables invités, chers confrères et Consœurs.
En adoptant de telles dispositions et en l’imposant ainsi aux acteurs des médias, la HAAC viole sa propre loi organique, viole les dispositions de la loi 2015 portant code de l’information et de la communication et viole enfin le code de déontologie de la presse béninoise.
En effet, l’article 8 de la décision portant cadre juridique des élections constitue un cambriolage institutionnel organisé de main de maître par des individus tapis dans l’ombre qui se refusent d’assumer pleinement leur responsabilité à visage découvert.
Il nous plaît de rappeler ici et maintenant que la désignation des représentants des professionnels des médias sont des élections professionnelles et que seule la carte professionnelle doit être admise comme instrument dans le processus.
C’est pourquoi nous élevons une vive protestation contre cette mesure, de même que celle relative aux décrets de nomination d’anciens conseillers.
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Plus grave, la Haac donne possibilité je cite « aux professionnels des médias exerçant dans d’autres structures autre qu’un organe de presse » fin de citation, à s’inscrire sur les listes électorales.
Cette mesure de l’article 8 de la décision contraste avec les dispositions du code de l’information et de la communication qui rend incompatible l’exercice cumulé de la profession de journaliste avec les fonctions de subordination à une autorité publique.
Chers amis,
Les conseillers de la HAAC ont innové en introduisant la fourniture d’un quitus fiscal dans les dossiers de candidature. Seulement, on se pose la question de savoir pour quelles raisons pour une institution de 9 membres, certains doivent produire un quitus fiscal pour y siéger parce qu’ils sont professionnels des médias et les autres non? Cela pose un problème de justice et d’équité. Nous recommandons alors que cette disposition soit étendue aux autres conseillers qui seront désignés par le président de la République et par le bureau de l’Assemblée nationale.
Pour finir Chers collègues, nous vous invitons à comprendre avec nous que nos représentants qui siègent en ce moment à la HAAC sont dans une situation irrégulière car, pour prendre part aux élections, ils se doivent de quitter leur fonction et les attributs de l’État afin que le jeu électoral soit juste, équitable et équilibré pour tous.
Pour toutes ces raisons, nous exigeons l’arrêt immédiat du processus électoral lancé par la HAAC en vue de l’ouverture d’un dialogue inclusif sur les conditions de candidature.
Dans tous les cas, nous déployons notre énergie, à notre corps défendant, à produire un mémoire sur toutes les dispositions anormales et à saisir les juridictions compétentes afin qu’elles nous départagent.
Professionnels des médias, Debout pour la préservation de nos acquis,
Vive la presse pour que vive la démocratie.
Je vous remercie