Bénin : Salimane Karimou présente 4 ans de résultats dans l'enseignement maternel et primaire
Le Ministre de l’enseignant maternel et primaire Salimane Karimou est passé sur l’émission « Le temps des moissons » de la télévision nationale afin de faire le bilan des quatre ans de gestion dans le secteur de l’éducation à la base. À cette occasion, il lui est revenu de présenter les résultats des 4 années de réformes courageuses mises en œuvre par le gouvernement sous l’impulsion du Président Talon. Voici ce qu’a dit le Ministre Karimou au cours de cet entretien-bilan. Allons à la découverte.
Par : Is-Deen O. TIDJANI (D.O.T)
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C’est une transfiguration de l’école béninoise qui est en cours depuis maintenant 4 ans. Monsieur le Ministre Salimane Karimou, quand nous observons le bilan 4 ans après, quel sentiment vous anime au regard de ce que vous avez accompli ?
Le Ministre : Je dirais en réalité, en me référant à l’adage populaire, que lorsque les actes parlent, les paroles se taisent. Même si nous devons reconnaitre qu’il y a encore quelques insuffisances, nous pouvons déjà reconnaitre que ce qui est promis au peuple béninois par le Président Patrice TALON pour le sous-secteur des enseignements maternel et primaire est en train d’être réalisé. Lorsque vous prenez les rubriques une à une en matière d’accès, c’est élogieux, c’est plus que satisfaisant.
Par contre, je dois reconnaitre qu’au niveau des infrastructures scolaires, avec l’engouement que le programme a suscité au niveau des populations, les besoins existent toujours.
Je dois pouvoir reconnaitre qu’en matière toujours d’accès pour ce qui concerne le personnel enseignant, parce qu’une classe c’est un enseignant, ce qui est prévu est également réalisé avant même le terme prévu. Aujourd’hui, nous avons atteint ce qu’on a appelé généralement le ratio « une classe, un maitre ». Qu’il vous souvienne qu’en fin d’année 2019 notamment juste après la reprise des classes, le gouvernement a fait un recrutement massif, même si c’est des suppléants au niveau du sous-secteur des enseignements maternel et primaire, au point où la couverture est totale.
Lorsque vous allez sur le terrain, vous constaterez que le programme de cantine scolaire fonctionne à merveille. Au-delà de ce que le pari est gagné à ce niveau, puisque le taux de couverture de 51% est prévu pour 2021 et déjà en 2018 il est atteint, c’est que ce programme touche même les populations à la base. C’est un programme qui a eu d’impacts positifs sur la vie des populations parce que les populations ont, à travers ce programme, trouvé l’occasion d’écouler certains de leurs produits ; c’est pourquoi on l’a dénommé d’ailleurs Programme National d’Alimentation Scolaire Intégré. Le gouvernement a fait le maximum de ce qu’il a prévu au peuple Béninois.
Il n’en demeure pas moins, M. le Ministre, qu’il y a des domaines dans lesquels la satisfaction des citoyens béninois n’est pas encore complète. Nous allons parler pour commencer de la qualité de l’offre éducative, le recrutement d’enseignants dont vous avez parlé. On a vu des écoles dans lesquelles les maitres n’étaient pas en nombre suffisant en ce début d’année scolaire 2019-2020. On a vu, comme vous l’avez également souligné, des enseignants qui n’ont pas accepté de rejoindre leur poste. Est-ce que là, il ne s’agit pas d’un échec de la politique que vous avez mise en place ou alors c’est un échec partiel ?
Je rappelle que nous avons promis assurer la couverture totale en personnel d’ici à 2021 mais déjà en 2019, à partir de ce programme, nous sommes à 100% presque je dis, je nuance à cause des désistements, c’est-à-dire que nous sommes aujourd’hui à 97 % environ parce qu’il y a quelques-uns qui ont refusé d’aller dans certains milieux. Ce qui nous amène à faire quoi ? A faire des réajustements et à beaucoup plus opérer sur le recrutement sur poste. C’est-à-dire, lorsque vous avez ces genres de milieux, il vaut mieux y aller et rechercher des gens qui y vivent déjà mais qui ont les compétences nécessaires pour être dans les classes. Nous avons commencé par travailler pour ça et avant la rentrée prochaine 2020-2021, puisque ça va coïncider avec la fin du mandat, ce problème pourra être résolu. Ça, c’est ce qui concerne le personnel enseignant. Théoriquement, c’est 100% et ça va se réaliser. Au même moment, il ne faut pas l’oublier, nous sommes des hommes et chemin faisant, il y a également des cas de décès, des cas de départ à la retraite. Donc au fur et à mesure que cela va se présenter, on va essayer de combler.
J’ai oublié de parler tout à l’heure du corps d’encadrement. Nous avons prévu recruter pour le compte de l’Etat, pour assurer l‘encadrement de ces enseignants, 250 conseillers pédagogiques à raison de 50 par an. Le pari a été gagné à ce niveau. Nous avons recruté en 2017 les 50 ; en 2018 et en 2019 les 50 et ceux qui vont entrer par rapport à 2020, on est en train de se préparer pour lancer le concours de recrutement. Donc là, c’est atteint et également en 2021, on aura eu également les 50. Ce qui fait qu’aujourd’hui, au niveau des conseillers pédagogiques, le ratio conseiller pédagogique et enseignant est nettement amélioré. Nous sommes en train de reconfigurer les zones pédagogiques pour que, au moins, les conseillers pédagogiques puissent être plus rapprochés des enseignants.
Par contre, quand on prend le volet des inspecteurs, et c’est là je peux vous parler des insuffisances dont je faisais cas tout à l’heure, c’est prévu que l’Etat puisse en recruter 25 par an également pour réduire le ratio. Le budget est disponible ; et en dehors de la session 2016 que nous n’avons pas pu organiser, on a chaque fois organisé le test d’entrée à l’école de formation, depuis 2017. Malheureusement, à chaque fois qu’on organise le test, on n’a jamais eu le nombre voulu pour la formation. En effet, par rapport aux critères, il faut avoir tout au moins une moyenne supérieure ou égale à 10/20 ; encore que c’est un concours. Et chaque fois, quand on délibère, on n’a jamais cet effectif là pour avoir les 25. La dernière session ne nous a donné que 5 sur 25 qu’on recherchait alors que le budget est là pour former les 25. On est obligé de mettre en formation les 5 aux cotés des 21 autres qui étaient déjà en formation pour la session passée. Donc actuellement, nous avons mis deux promotions ensemble pour pouvoir gagner du temps. Notre espoir est qu’à partir de la session prochaine, nous ayons plus de candidats ; également plus d’admis. Ce sont des insuffisances qui ne dépendent pas de l’Etat mais qui dépendent des contingences du moment.
À vous suivre, M. le ministre, on comprend aisément que l’épineuse question du déficit d’enseignants dans nos écoles est aujourd’hui conjuguée au passé…
N’en doutez même plus. Ça, c’est un problème fondamental que le gouvernement actuel a réussi à régler. Voyez-vous, le déficit d’enseignants date de plusieurs décennies. Et on a toujours eu, disons, des solutions palliatives pour pouvoir le résoudre.
Aujourd’hui, c’est abordé d’un trait et c‘est résolu. Donc, on n’a plus de classe sans enseignant. Personne ne peut se plaindre aujourd’hui du fait que nous avons des classes sans enseignants. Et mieux, pendant des années, je dirai même des décennies, ce sont les communautés à la base qui souscrivent pour recruter des enseignants. Rappelez-vous l’histoire des enseignants communautaires. Elle est partie du déficit d’enseignants. Et les communautés à la base étaient obligées de s’organiser pour recruter quelqu’un qui est libre dans la localité mais qui n’a pas forcément les compétences d’enseigner, et c’est ça qui a conduit le gouvernement à dire qu’il était important d’identifier les besoins de ces enseignants pour revoir la question de la qualité de l’enseignement.
En dehors du recrutement. On dit souvent, un homme, une mission, des moyens. Est-ce-que ces enseignants aujourd’hui sont dans les conditions requises ? Je parle de traitement puisqu’il y a des efforts qui ont été fournis pour relever le niveau de la qualité. On a parlé des recrutements, de la formation, des infrastructures scolaires et autres…qu’en est-il du traitement de ces enseignants ?
Vous savez, la question de besoin, la question de traitement, pour ma part, c’est toujours relatif. Dans certaines circonstances, je dirai à la limite, ça dépendra également des individus. Il y a des gens qui n’ont pas forcément besoin de beaucoup de moyens pour mener une vie aisée. Par contre, il y en a, quel que soit le minimum mis à disposition, qui continue de dire qu’il n’y en a pas toujours assez. De façon globale, en matière de recherche du matériel, l’homme ne sera jamais satisfait. Mais le rôle d’un Etat, d’un gouvernement, c’est d’assurer le minimum nécessaire pour un agent qu’il a envoyé en mission. Ce qui fait que tous les enseignants, Agents Contractuels de l’Etat, Fonctionnaires de l’Etat, en activité aujourd’hui perçoivent régulièrement leur salaire ; et le gouvernement a même fait l’effort d’améliorer leurs conditions de travail.
Toutes les primes que les enseignants percevaient sont toujours maintenues et mieux, l’année dernière, pour le compte du budget 2019, le gouvernement a encore mis en place un certain nombre de primes pour les enseignants suite aux négociations que nous avons eues avec les partenaires sociaux. Désormais, ils perçoivent les primes d’habillement, les primes d’installation ainsi de suite ; je m’en arrête là. Cela veut dire qu’il y a eu une amélioration.
Par rapport aux jeunes que nous appelons aujourd’hui des aspirants, des suppléants, là également, le minimum est mis à leur disposition. Chaque enseignant est mis dans un cadre bien donné. C‘est vrai qu’aujourd’hui c’est l’Agence Nationale Pour l’Emploi qui les gère pour le moment mais on a l’assurance qu’à la fin de chaque mois, ils perçoivent leurs émoluments. De ce point de vue, on n’a pas de plaintes jusqu’à présent.
Vous avez parlé de ces inspecteurs ; Qu’est-ce qui peut expliquer qu’ici au Bénin, réputé quartier latin de l’Afrique jusqu’à une certaine époque, on ne parvient pas à recruter le nombre voulu c’est-à-dire 25 personnes pour être formées au grade d’inspecteurs. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ?
Les raisons sont multiples. Dans un premier temps, il y a déficit même de candidats parce qu’il faut remplir des conditions précises pour postuler à ce concours. C’est un concours qui est dédié aux fonctionnaires de l’Etat et il faut être forcément conseiller pédagogique ; et avant d’être conseiller pédagogique il faut avoir été instituteur de la catégorie B. Donc, avec le gel de recrutement, avec l’arrivée massive des enseignants communautaires, le corps des Conseillers Pédagogiques et le Corps des Inspecteurs ont eu le temps de se dégrader, de se démunir de son personnel au point où on a plus eu suffisamment de Conseillers Pédagogiques pour nourrir le Corps des Inspecteurs. Tout ceci fait que, lorsqu’on lance le concours, on a très peu de candidats. C’est une première raison que j’évoque.
Deuxième raison, vous avez bien évoqué ce titre « quarter latin de l’Afrique » dont on s’est réjoui pendant des années, on se demande pourquoi, aujourd’hui, on recherche 25 personnes ayant une moyenne supérieure ou égale à 10/20 et on n’en trouve pas. Ça doit pouvoir nous interpeller. Il faut interroger le passé et voir que le système éducatif de façon globale par le passé a connu assez de problèmes, assez de difficultés. Qu’il vous souvienne, le Certificat d’Etudes Primaires (CEP) session de 2016 que le régime de la rupture a organisé était un test pratiquement pour voir quel est le niveau réel de nos apprenants dans les écoles. Nous avons dit, par rapport à cet examen qui est la première session du régime, qu’on va mettre de côté tout ce qui est favoritisme, on ne va pas racheter, on va voir le niveau réel de ces apprenants.
Et c’était une véritable catastrophe en son temps !
Vous l’aviez constaté. On avait eu à peine 40 % de taux de réussite alors que l’année qui a précédé, le taux de réussite au CEP était au-delà de 90%. Alors, qu’est-ce qui provoque cette chute brutale ? C’est dire qu’il y aurait eu un peu de complaisance par le passé. Et lorsque le régime actuel a pris l’option de faire les choses telles qu’elles doivent se faire, correctement et par rapport aux textes, vous avez constaté les dégâts et nous sommes en train de corriger petit à petit. Et là, ça me permet d’évoquer la question de l’amélioration de la qualité, ce que nous avons promis comme quoi le taux de promotion pourrait être amélioré. Et on a dit qu’on va passer d’un taux de 40% à 75%. Aujourd’hui, ne serait-ce que par rapport au Certificat d’Etudes Primaires, nous sommes partis d’un taux de moins de 40% à 84% voire 85% en 2019.
Il n’y a pas eu de rachats, il n’y a pas eu de favoritisme ? À aucun moment, on n’a pas essayé de donner des chiffres qui vont donner l’impression que quelque chose se fait de bien ?
Pas du tout ! Pas du tout ! Par contre, ce qu’on a observé et qui doit nous faire travailler, une chose sur laquelle nous réfléchissons d’ailleurs déjà ; du fait qu’à partir de 2016 avec les 40%, on a décidé de sanctionner tous les directeurs d’écoles qui ont eu 00% de taux de réussite. Alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Certains Directeurs d’école ont commencé par sélectionner les enfants déjà à partir du cours d’initiation ; donc ce n’est pas tout le monde qui passe au cours préparatoire comme prévu, le taux de redoublement au cours préparatoire est élevé ainsi de suite. Ce qui fait qu’arrivé au CM2 pour l’examen, c’est les meilleurs qui sont présentés. Et si c’est les meilleurs qui sont présentés, le taux de réussite va s’améliorer forcément. Alors, nous avons découvert le pot aux roses. Ça voudra dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas à ce niveau-là. Alors, nous avons décidé de revoir de près comment se fait l’étude des dossiers pour la candidature au CEP. On a donc découvert qu’effectivement, les Directeurs d’école ne présentaient plus tous les écoliers du CM2. Ils ne présentaient que les meilleurs. On a pu reprendre le processus d’étude des dossiers, on a eu plus de 1500 (mille cinq cent) candidats en plus de ce qui était déclaré. C’est vous dire qu’en réalité, il n’y a pas eu de tricherie à ce niveau mais la tricherie qu’on pourrait considérer c’est que des sélections qui ne devraient pas être effectuées l’ont été, et c’est ce qui nous a permis d’avoir ces résultats. Ce qui avait déjà choqué, parce qu’on constate que d’année en année, l’effectif de candidats au Certificat d’Etudes Primaires baissait. On a donc découvert que c’était ça la cause. Il n’y a pas eu de tricherie, de magouille outre mesure dans les centres d’examen mais le sérieux a engendré ce phénomène que nous allons corriger.
Par rapport à la question de la formation du personnel enseignant, est-ce que les acteurs du privé ont-ils été associés comme il faut ?
C’est à deux volets. Lorsque l’Etat met en place la formation continue des enseignants, tous les enseignants qu’ils soient du privé ou du public sont concernés et sont d’office pris en charge. Je veux parler des journées pédagogiques qui sont des occasions de formation continue pour les enseignants. Ceux du privé sont conviés également, à la différence qu’ils ne sont pas traités de la même manière que ceux du public en termes de rémunération puisque c‘est l’occasion qui permettait à l’Etat de payer aux enseignants les primes de rentrée, les primes de gratification et autres. Il y a qu’eux-mêmes, ont la possibilité de mettre en place des séances de formations continues pour leurs enseignants. Par contre, ce que nous faisons pour les intéresser tous, surtout nos amis du privé, est qu’en matière de mise à disposition de matériel didactique, ils ne sont pas exclus. Donc les manuels scolaires, les cahiers d’activité que l’Etat met à la disposition de l’école, le privé est également pris en compte et ils sont intéressés par cela.
Par rapport à la question du déficit qu’on est en train de relever aujourd’hui, quelle est la vision prospective que vous mettez en place déjà puisqu’on dit que l’Etat c’est une continuité pour qu’on ne vive plus ces genres de situation surtout dans le secteur de l’éducation ?
Pour ce qui est de classes sans enseignants, vous pouvez vous rassurer ; C’est conjugué au passé. D’abord, nous connaissons le nombre de départs à la retraite chaque année. Le dispositif est tel que nous pouvons combler le nombre de départs à la retraite chaque année. Et en cas de décès, nous avons également aujourd’hui un dispositif qui nous permet de combler ce vide au même moment. Par contre, je vous ai dit tout à l’heure que la fonction publique utilise deux catégories d’agents. Il y a les fonctionnaires, il y a les Agents Contractuels de l’Etat. L’Etat continuera toujours d’avoir ces deux catégories d’agents même dans l’enseignement. L’Etat aura toujours besoin des fonctionnaires d’Etat. Il aura toujours besoin aussi des Agents Contractuels de l’Etat. Et ça, c’est réglé par une loi. Donc l’Etat va fonctionner dans ce cadre tout le temps. Par contre, l’Etat se réserve également la prérogative de mettre en place un dispositif qui lui permet de combler des déficits par moments. Figurez-vous, lorsque le budget national qui est mis en place avec l’appui des PTF, Partenaires Techniques et Financiers, a déjà déterminé un quota en matière de nombre d’enseignants à mettre à disposition, que ce soit fonctionnaires ou ACE, et que le besoin se fait toujours sentir, ce qui n’est plus évident aujourd’hui parce qu’on n’aura plus de grand monde à faire partir, alors que l’Etat puisse avoir les moyens en attendant que le budget de l’Etat ne permette de faire autre chose, alors nous pouvons avoir autre chose, un dispositif d’appui pour combler en attendant le déficit ; ça là également, ce n’est pas exclu.
Parlons maintenant des enseignants reversés en ACE en 2008. Ils ont beaucoup fait parler d’eux ces dernières années puisqu’il a été question de les évaluer. Cette décision d’évaluation avait déjà été envisagée avant que le régime de la rupture ne lance ses réformes ou bien c’est au fil du temps que vous vous êtes rendu compte qu’il y a une catégorie d’enseignants dont il est possible que le niveau ne soit pas suffisamment bon pour continuer à être dans le système ?
Merci beaucoup. En toute honnêteté, dans le diagnostic, nous, nous avons prévu en dehors des formations initiales qui se font dans des écoles de formation, la formation continue de tous nos enseignants et en termes de formation continue, l’habitude, et ça je le reconnais en tant qu’Inspecteur, c’est de mettre systématiquement les enseignants en formation. Alors, chemin faisant, avec ce régime, nous avons découvert que c’est quand même une insuffisance parce que tout le monde ne présente pas souvent les mêmes besoins, les gens n’ont pas les mêmes difficultés. C’est pratiquement du gâchis que de traiter tout le monde de la même manière. C’est pourquoi chemin faisant, avec le phénomène d’enseignants communautaires recrutés comme cela se faisait, nous avons pris encore l’option, et ça, c’est complémentaire à ce qui avait été fait, d’évaluer ces enseignants, juste pour découvrir leurs besoins réels en formation. Ce programme est arrivé pour compléter l’existant.
Et ce qui a été découvert justement au sein des enseignants de la promotion 2008, c’est quoi exactement ?
Nous avons à la limite donné les grandes tendances sans donner les résultats. Quand on a annoncé les résultats par les structures compétentes en la matière, à la maternelle, nous avons eu un taux de réussite de 28% pratiquement ; c’est-à-dire que sur 100, il n’y avait que 28 qui ont pu atteindre le seuil de réussite, c’est-à-dire une note supérieure ou égale à 10/20. Et le reste ? C’est un problème posé. Alors quand vous venez au niveau du primaire, sur 100, il n’y a que 30 qu’on peut estimer valables. Donc, il y a encore 70 qui sont là et qui faisaient vraiment quelque chose qui ne convenait pas à ce qui devrait être fait. C’est le point aujourd’hui. Et le gouvernement a envisagé de mettre en place pour eux, une formation systématique pour pouvoir renforcer leurs capacités.
Le mode d’évaluation a été critiqué. Pourquoi n’avez-vous pas choisi une évaluation en situation de classe ?
C’est deux choses différentes. Une évaluation en situation de classe ne permet que de voir l’enseignant travailler. Et ça, ça se fait au quotidien pratiquement par les Conseillers Pédagogiques et par les Inspecteurs. Que l’on fasse de visite de classe ou que l’on fasse d’inspection, on voit l’enseignant travailler. Et puis, à travers même ces situations de classe, on peut voir même s’il écrit bien français ou à travers sa pratique s’il parle bien français. Ça se fait au quotidien.
Mais nous sommes des hommes et toute épreuve à contact direct est sujette toujours à des interprétations ou parfois à des non-dits. C’est pour nous assurer de ce que les vrais résultats vont être donnés que le gouvernement a fait cette option d’épreuves écrites et en salle de classe. Ce qui n’est interdit par aucune loi, ce qui n’est interdit par aucun texte parce qu’il est prévu dans les textes, que ces enseignants puissent être évalués. Le texte n’a pas déterminé le moyen de cette évaluation de façon limitative ; c’est ce qui nous a confortés dans notre position comme quoi, il vaut mieux les faire asseoir, les suivre et puis les évaluer. Fort heureusement, on a dépassé ce niveau parce que, voyez-vous, le taux de participation après la polémique, les jérémiades et tout, vous avez découvert le taux de participation finalement, qui avoisinait pratiquement les 100%.
Mais est-ce que cette méthode ne porte pas préjudice à certains, par exemple qui sont restés dans le milieu avec 10 ans d’expériences et qui ont certainement acquis beaucoup d’expériences en matière de pédagogie ?
En réalité, ça devrait pouvoir les aider, si tant est qu’ils sont expérimentés en la matière. Quelles sont les épreuves qui leur avaient été proposées? Epreuve de pédagogie appliquée. Donc ce qu’ils font, il n’y avait qu’à dire sur papier comment ça se fait. Ils devraient donc être beaucoup plus avantagés. Deuxième épreuve qu’on leur a proposée, c’est une épreuve de mathématiques. Ça également, c’est pratique. C’est ce qu’ils font tous les jours. Si vous êtes enseignant du CI ou du CP au primaire, et vous n’êtes pas capables de traiter vous-même une épreuve de mathématiques proposé à un élève du CM2, il y a un problème. Donc ce n’est que ça qu’on leur a proposé et on a découvert qu’effectivement, il y a problème parce que le Directeur peut être empêché, il peut être invité à une séance de travail et dire en partant, « Maître svp, aidez-moi à garder ces enfants. » Si ce dernier n’a pas les compétences nécessaires, ce n’est pas bien. Donc nous avons fait l’option de cette évaluation en toute connaissance de cause et sans arrière-pensée, ni calcul politicien comme les gens pouvaient penser.
On a dit que vous avez choisi cette promotion 2008 parce qu’elle aurait été utilisée par le régime précédent comme un bétail électoral à un certain moment. C’est comme si c’était un règlement de compte politique !
Dans cette opération, il faut exclure toute considération politique ou à la limite politicienne. Nous, on n’a pas travaillé sur cette base. Je vous ai donné tout à l’heure des précisions. C’était réellement un problème pour le pays que les communautés à la base soient obligées de recruter elles-mêmes des enseignants sans aucun critère. Mais le système était comme ça. Vous fouillez bien et c’est démontré. Je ne vais pas donner de noms mais j’ai des preuves. Vous avez dans cette catégorie d’enseignants, des gens qui n‘ont pas fait la classe de 3ème, des gens qui n’ont pas fait la classe de 5ème parce que dans certains milieux de notre pays, ceux qui sont un peu plus éveillés sont sortis de leurs localités, ils sont allés en ville, donc des gens n’ont vu sur le terrain que ceux qui parlaient un peu français dans les localités et ils se sont débrouillés après pour avoir le BEPC. D’une manière ou d’une autre, ils ont eu le BEPC pour refaire leur carrière. Il y avait réellement un problème à ce niveau. Donc, ce qu’il fallait éviter, c’est de ne pas en arriver là et c’est ce que l’Etat est en train de faire aujourd’hui. C’est pourquoi même par rapport aux suppléants et aux aspirants, le gouvernement actuel n’est pas allé de cette manière. On a d’abord fait de test pour recruter des gens qui sont capables d’aller enseigner. On vous a beaucoup parlé de la constitution de cette base de données qui nous a permis de mettre en place aujourd’hui un fichier dans lequel on peut puiser à tout moment pour nourrir nos écoles en matière d’enseignants. Ce n’est plus la même chose que ce qui avait été fait. Donc en toute honnêteté, il y avait un problème et notre souci n’est pas de les sortir du système ou de la fonction publique. C’est de renforcer les capacités pour que nous puissions avoir nos résultats dans nos classes. Si on ne procède pas ainsi et on dit par exemple qu’on va essayer de satisfaire les uns et les autres, c’est le pays qui va en pâtir.
Alors on a surtout parlé de la qualité de l’éducation reçue et donnée, M. le ministre, quelles ont été les innovations de ces réalisations puisqu’on a compris qu’il y a eu introduction des TICS dans les programmes de formation ?
Tout à fait. Et là également, c’est l’un des projets phares du Gouvernement. C’est vrai qu’il y a eu quelques essais d’introduction par le passé mais qui n’avait pas prospéré ; je veux parler du projet SANKORE que nous avons eu dans certaines écoles de formation qui n’avait pas prospéré. Mais cette fois-ci, le gouvernement a fait l’option d’initiation de nos apprenants aux outils informatiques. C’est pourquoi il y a aujourd’hui, quand vous allez dans plusieurs écoles, au moins dans les chefs-lieux de Départements, vous aurez au moins une classe multimédia qui est là et où les enfants ont accès aux outils informatiques dans chaque complexe scolaire que ce soit au niveau de ces écoles et au niveau du département. Et ça, nos partenaires techniques et financiers nous ont accompagnés et c’est systématique. Nos enfants, aujourd’hui, savent ce qu’on appelle un ordinateur, ils savent comment on allume un ordinateur, ils savent comment on clique, ils savent comment on manipule l’ordinateur. C’est déjà un début. Et dans tous les départements du Bénin aujourd’hui, vous y avez accès à titre expérimental, et chemin faisant, ça va s’améliorer. Aujourd’hui, nous avons dans le système, un bon nombre d’écoliers et d’enseignants qui s’habituent petit à petit à ce système.
Avant même de pouvoir utiliser l’outil informatique, encore faudrait-il savoir bien écrire le français, et c’est en cela sans doute que la dictée a été réhabilitée non pas seulement pour les classes mais également pour le CEP. Pourquoi avez-vous décidé d’amener la dictée après tant d’années de disparition de cette épreuve ?
Je voudrais vous rappeler que la dictée n’est pas une matière. C’est un exercice qui permet d’évaluer les connaissances linguistiques de tout apprenant. C’est vrai que pendant des années, on a mis en veilleuse la dictée, elle n’avait pas été supprimée des programmes d’étude. On avait dit tout simplement que la dictée ne ferait pas objet d’évaluation à l’examen, encore moins constituer une épreuve éliminatoire. Les raisons évoquées en son temps étaient quand même valables parce que c’était la période et le Bénin n’a pas été le seul à le faire. Nous l’avons fait après la France parce qu’on a estimé que la dictée ne doit pas constituer un obstacle pour l’enfant, pour ses études. Un enfant peut devenir ingénieur, statisticien, ingénieur économiste, ou autre chose, sans forcément être excellent en français puisque la dictée n’est qu’un exercice qui permet d’évaluer la maitrise des outils linguistiques. Donc, c’est par rapport à la langue. Et c’est ce qui a fait qu’on a dit au Bénin aussi qu’on ne supprime pas, mais il n’était plus question que la dictée fasse objet d’évaluation encore moins objet d’obstacle. Et qu’est-ce qui s’est passé ? C’est que du moment où ce n’est plus évalué, les enseignants ont laissé tomber et ils ne le faisaient plus dans les classes. Ce n’était plus sur les emplois du temps. Le constat après plusieurs années est que le niveau des apprenants en français a, de façon drastique, chuté et c’est déplorable. Et les pédagogues, y compris moi-même, sont venus au fait que oui, pour savoir si réellement cet enfant-là maitrise les fondamentaux de la langue française, il faut le soumettre à cet exercice-là. C’est pourquoi depuis 2016, quand nous sommes arrivés, nous avons réintroduit la dictée dans les emplois du temps. Nous avons redocumenté la dictée avec toutes les formes, comment cela doit se faire…on a formé encore les enseignants pour ça. Et après deux ans de cette pratique, nous avons réintroduit la dictée au Certificat d’Etudes Primaires, sans toutefois la rendre éliminatoire juste pour que dans les classes, les enfants et les enseignants puissent vraiment faire leurs activités autour de la langue ; car la langue française c’est la langue officielle du Bénin. C’est notre langue de travail. Nous devons pouvoir la maitriser. Même si l’on veut être artiste aujourd’hui, si vous ne maitrisez pas la langue de communication, vous ne pouvez pas vendre vos produits. Même si vous, vous êtes un footballeur, sportif de haut niveau aujourd’hui, et que vous ne maitrisez pas la langue de travail, ce serait un peu comme une insuffisance pour vous. Vous aurez besoin d’interprète parce que votre langue maternelle que vous parlez si bien et que vous voulez garder et développer ne vous permet pas d’être sur d’autres marchés. Et encore aujourd’hui c’est un village planétaire : le monde.
Plusieurs localités sans salles de classes, il y a quelques années, c’était légion. Aujourd’hui, tous ces problèmes sont conjugués au passé. Des salles de classes en matériaux définitifs construits, des salles réfectionnées, des réformes dans le système éducatif, des conditions de travail sont améliorées, les cantines scolaires sont désormais une réalité, les enfants sont heureux, les parents d’élèves aussi ; sans oublier les enseignants. L’introduction des TICS et de la langue anglaise est une réalité aujourd’hui grâce au régime de la rupture. Patrice TALON et son gouvernement ont été remerciés à travers un élément témoin.
Les acteurs du secteur éducatif ont beaucoup apprécié les actes posés par le Gouvernement de la rupture. M. le Ministre, nous avons également suivi des écoliers qui s’exprimaient aisément en anglais ; ça fait partie également des innovations sous votre mandat.
Merci beaucoup. Déjà, le candidat Patrice TALON avait, dans son projet de société, annoncé l’introduction de l’anglais au primaire ne serait-ce qu’à titre expérimental. Et également dans le PAG, cela a été confirmé. Et c’est pourquoi nous avons travaillé dans le sens que l’anglais devrait désormais rentrer dans nos écoles à partir du primaire. Vous et moi, nous avons appris l’anglais au secondaire à partir de la classe de 6ème. Pour ceux qui sont allés jusqu’en terminale, ça fait une bagatelle de 7 ans. Mais très peu d’entre nous sont capables de s’exprimer en anglais facilement. C’est vrai qu’à cela on peut trouver plusieurs raisons mais la raison fondamentale pour moi est que, les langues s’apprennent facilement lorsqu’on est tout petit parce que, en ce moment-là, on n’a pas encore conscience de ce qu’on est dans un apprentissage contraignant, non. Prenez vos enfants dans la maison, dans le quartier, ils apprennent toutes les langues tout naturellement. C’est pourquoi, ça a été très judicieux d’introduire l’anglais à partir du cours primaire. Et nous nous sommes mis dedans. C’est un programme qui a sa note conceptuelle, qui a toute sorte de documentation et qui fonctionne correctement aujourd’hui et qui se trouve dans près de 216 écoles aujourd’hui. Encore que, c’est à titre expérimental. Nous avons fait l’option de le faire d’abord oralement mais à partir de la rentrée prochaine, à partir de la classe de CE2, l’écrit va être introduit. Ça s’impose à nous aujourd’hui, en ce sens que, au-delà même de ce que nous sommes à côté du géant de l’Est qu’est le Nigéria où la langue de travail c’est l’anglais, le monde entier aujourd’hui est dans la logique de tout faire en anglais. C’est la première langue la plus parlée dans le monde aujourd’hui. Alors si c’est ça, qu’est-ce que le Bénin fait par rapport à cela ? C’est pourquoi le gouvernement a fait cette option de pouvoir introduire l’anglais à partir du primaire et vous avez constaté que petit à petit, nous allons l’étendre jusqu’à ce que ce sera totalement généralisé. Du CI au CM2 au cours primaire, nos enfants vont apprendre à parler et à écrire l’anglais et cela va se poursuivre de la 6ème jusqu’en terminale. Quand ils auraient fait 6 ans en plus des 7 ans d’anglais, je crois que quand ils vont sortir même de l’école à partir de là, ils vont pouvoir se retrouver.
Dans la phase d’expérimentation, est-ce que c’est l’enseignant qui tient la classe ou c’est un autre qui se charge de donner des cours en anglais ?
Nous avons fait l’option d’itinérance. Les enseignants que vous avez vus sont des enseignants itinérants ; c’est-à-dire qu’ils parcourent un certain nombre d’écoles au niveau de chaque commune. Donc nous avons prévu dans chaque commune, 5 écoles expérimentales. L’enseignant passe dans chaque école à des heures données ; il a son emploi du temps et l’enseignant de la classe sait à quelle heure il doit passer pour faire ses 60 minutes de cours d’anglais et partir et lui, il reprend sa classe. Et ainsi, il parcourt toutes les écoles de la commune. C’est comme cela que c’est conçu pour le moment. La réflexion se poursuit et les travaux se poursuivent. Actuellement, l’équipe de conception est encore en atelier pour des travaux supplémentaires sur le programme du CE2. On est en train de réfléchir pour voir à la longue, avant la phase de généralisation, comment on pourra faire en sorte que cela ne pèse pas trop sur le budget national parce que, s’il faut pouvoir dire deux enseignants pour chaque classe, ce serait insupportable pour le budget national. Donc, nous allons mettre en place un programme de renforcement de capacités intense pour les enseignants qui vont garder les classes pour que, eux-mêmes soient en mesure d’ajouter cette matière à celles qu’ils déroulent déjà avec les enfants.
M. le ministre, nous allons parler d’une nouvelle institution qui est en place depuis maintenant quelques mois, c’est le Conseil National de l’Education. Vous avez été d’ailleurs interrogé à ce propos à l’Assemblée Nationale et vous avez expliqué aux Députés de quoi cela retourne. Nous aussi, nous aimerions bien savoir ce que l’avènement du Conseil National de l’Education change pour votre département ?
Ce qui change fondamentalement, c’est en peu de mots. C’est beaucoup plus le fonctionnement correct de tous les sous-secteurs qui animent l’éducation nationale. Vous savez, la polémique a été faite pendant longtemps comme quoi, il faut avoir pour le Bénin, un seul ministère en charge de l’éducation pour résoudre les problèmes de cohérence, pour résoudre les problèmes de contacts. Même les partenaires techniques et financiers sont revenus là-dessus. On ne veut plus avoir plusieurs interlocuteurs, il faut un seul. Alors que les problèmes ne sont pas les mêmes. Les problèmes divergent d’un sous-secteur à un autre. Et chaque sous-secteur a ses spécificités. C’est pour ça que le président Patrice TALON a fait l’option de garder les sous-secteurs de l’éducation tels qu’ils sont. Par contre, il a décidé de mettre en place ce Conseil National de l’Education « Nouvelle Formule » qui aura tous les pouvoirs de coordonner pour que, ce que les gens craignent n’ait pas de raison d’être c’est-à-dire, des contradictions, des conflits d’attribution. Et nous sommes parvenus à travailler pendant longtemps sur ce Conseil National de l’Education nouvelle formule. Il est là aujourd’hui et il va faire la coordination au niveau de tous les sous-secteurs de l’éducation. Ainsi, le problème de cohérence pourra être résolu et mieux, le système va être dépolitisé. Rassurez-vous ! ça, c’est un soulagement pour un ministre comme moi de l’éducation. Les questions de nomination, vous ne pouvez pas vous imaginer ce que nous vivons comme pression de tous les côtés surtout politiques.
Et vous pensez que les membres au niveau du conseil national de l’éducation seront exempts de ces pressions-là ? Les mêmes personnes qui exercent cette pression continuent d’être des Béninois et changeront certainement de destinataires de leur moyen de pression ?
D’abord, ils auront peur d’y aller et s’ils y vont, ils n’auront pas gain de cause parce que là-bas, c’est des gens qui sont totalement apolitiques. Vous voyez, la procédure de leur mise en place tout ça, vous verrez qu’ils n’ont rien à faire avec la politique. Les textes qui sont mis en place pour le fonctionnement de ce conseil vont permettre aujourd’hui de mettre réellement sur orbite notre système éducatif. De toutes les façons, les premières expériences que nous sommes en train de faire avec l’équipe en place rassurent. Il n’y a pas de conflits d’attribution, il n’y a pas de lourdeurs ; ce que le conseil doit faire, il le sait. Ce que chaque ministre doit faire, il le sait, il le fait. Quand c’est comme ça, le système va mieux fonctionner.
À aucun moment, vous n’avez pas l’impression de perdre vos prérogatives au profit de ce conseil de l’éducation ?
C’est peut-être un sentiment que les gens ont de l’extérieur. Sinon les rôles ne sont pas les mêmes. Les ministres en charge de l’éducation resteront toujours au niveau opérationnel c’est-à-dire, c’est eux qui seront toujours en action selon les orientations du Conseil National de l’Education ; le conseil sera au niveau stratégique. Il conseille, donne ses avis et il suit. Et lorsque vous faites mal, il vous rappelle à l’ordre et vous devez pouvoir corriger. Donc à notre niveau, en tout cas pour ce qui me concerne, il n’y a aucun problème en la matière et je suis sûr que si chacun joue correctement son rôle, c’est le pays qui va en tirer profit.
M. le ministre, 4 ans du gouvernement de la rupture. On parle aujourd’hui de la moisson, elle est bonne dans le sous-secteur des enseignements maternel et primaire. Vous l’avez dit sur ce plateau, le pari est gagné. Alors dites-nous, les douze prochains mois seront consacrés à quoi ?
On ne peut pas encore dire qu’après 4 ans, tout est fini. Nous devons aller plus loin parce que le défi est encore là, grand. Je vous ai dit un peu plus haut que des enseignants se sont organisés de manière à ce que, puisqu’il y a des sanctions quelque part, il faut faire des sélections. Ce qui n’est pas normal. Nous, nous avons déjà atteint ce que nous voulons, alors nous avons commencé par travailler sur le futur : comment il faut pouvoir éviter ces genres de déviances et donner la chance à tout le monde parce que nous sommes dans une logique d’éducation pour tous. De ce fait, personne ne doit être exclu de l’école. Ce sont là nos prochains chantiers. Et nous allons commencer par travailler dessus. Le défi de la qualité de l’enseignement reste encore entier. On n’a pas eu le temps d’aborder tous les points dans les moindres détails mais ce n’est pas encore gagné entièrement. Et ça, c’est le grand défi que nous sommes en train d’aborder. Nous devons pouvoir relever ce défi et c’est un défi qui va s’étaler sur le long terme. Il n’y a pas de répit en la matière. Il en est de même pour le volet accès à l’école. Aujourd’hui, nous avons encore des besoins en termes de salles de classes, des besoins au-delà de 11000 salles de classes. On ne s’arrête pas. Donc le budget de l’Etat à partir de l’année prochaine ne va pas au contraire être diminué ; mais on va demander qu’il soit augmenté. Il y a d’autres partenaires également aujourd’hui qui applaudissent et qui sont fiers des résultats obtenus sur le terrain, preuve du savoir-faire de l’équipe en place et les partenaires sont prêts à accompagner encore le Gouvernement dans la réalisation de ses objectifs ; notamment la banque mondiale, l’AFD, le PME et d’autres s’annoncent déjà pour pouvoir accompagner ce qui se fait déjà. Nous sommes dans la logique d’aller plus loin et de faire mieux que ce que nous avons fait aujourd’hui.
Merci M. le Ministre Salimane Karimou. Nous avons consacré cet entretien au bilan des 4 ans du régime de la rupture, à toutes les réalisations qui ont été faites dans le domaine des enseignements maternel et primaire. Concernant les cantines scolaires, les résultats sont excellents. Plus de 800 milles écoliers sont impactés, des milliards de francs CFA sont consacrés désormais chaque année à cette cause et on retient en somme que l’objectif de départ a déjà été atteint et d’ici quelques années, selon les prévisions, des objectifs nouveaux seront fixés et atteints également. Nous avons parlé également de toutes les actions qui permettent à l’école béninoise aujourd’hui de redorer son blason afin de permettre au Bénin de retrouver son titre de quartier latin de l’Afrique.