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Russie : Igor Evdokimov parle de la « journée du diplomate russe » et décortique l’actualité en Afrique et dans le monde

Par : Is-Deen TIDJANI
© BOULEVARD DES INFOS

Comme une tradition qui a lieu tous les 10 février de chaque année, la « Journée du diplomate Russe » édition 2024 se tiendra belle et bien au Bénin comme dans tout autre pays d’Afrique et du monde, ayant une représentation diplomatique Russe sur son territoire.

En prélude aux activités de la présente édition, Son Excellence Monsieur Igor Evdokimov, Ambassadeur de la République de Russie au Bénin et au Togo, a animé, mardi 6 février 2024 à Cotonou, un point de presse au détour duquel il a abordé plusieurs sujets d’actualité. La situation en Ukraine, au Moyen-Orient, les livraisons humanitaires russes aux pays africains et enfin le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, ont été autant de sujets sur lesquels le diplomatique a donné la position de son pays. Lisez ici, l’intégralité de sa déclaration à la presse.


Conférence de presse annuelle de S.E.M. Igor EVDOKIMOV, Ambassadeur de Russie au Bénin et Togo, à l’occasion de la Journée du Diplomate russe (2024)

Sur la Journée du Diplomate russe

Chaque année depuis 2002 le 10 fevrier est marqué en Russie par la fête professionnelle de la diplomatie russe. Cette fête professionnelle a été créée par le Décret présidentiel du 31 octobre 2002, dans le cadre du 200e anniversaire du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.Le choix est tombé sur cette date n’est pas du tout un hasard – il est liée à l’histoire de l’Ordre des Ambassadeurs. C’est ce jour-là en 1549 qu’on a la plus ancienne mention du premier ministère des Affaires étrangères de la Russie. Bien que l’histoire de notre diplomatie soit beaucoup plus ancienne et remonte au premier acte bilatéral historique du IX siècle – l’accord «Sur la Paix et l’Amour » avec l’Empire byzantin en 860, dans lequel, pour la première fois, la Russie a reçu une reconnaissance internationale. Depuis ces temps-là les diplomates russes sont devenus des invités réguliers dans les pays d’Europe. La Russie s’est transformée en un Etat puissant avec une politique internationale active.

Au cours des années 1718-1720 l’Ordre des Ambassadeurs a été transformé en Collège des Affaires étrangères. Et finalement en 1802 par le Manifeste de l’Empereur Alexandre I le Ministère des Affaires étrangères a été créé.
La fête professionnelle de la diplomatie russe est une occasion pour rendre hommage aux nombreuses générations de ses prédécesseurs, qui ont servi fidèlement sa Patrie et surtout à ceux qui sont morts sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Depuis le début de la Seconde Guerre mondiale le Commissariat du peuple aux Affaires étrangères ( Ministère des Affaires étrangères de l’Union Soviétique dans les années 1917-1946) a réorganisé ses activités en conformité avec les exigences de la guerre. En été 1941, un groupe important d’employés est allé au front et aux travaux de fortification, au total 146 personnes, soit environ 23% des effectifs dont 71 employés sont tombés aux combats.

Sur la situation en Ukraine

Le régime de Kiev ne cesse de commettre des actes terroristes sanglants. Il est activement incité à cette fin par l' »Occident collectif », qui injecte sans retenue des armes et des munitions dans les Forces armées de l’Ukraine, envoie des mercenaires étrangers et forme le personnel militaire ukrainien.
Le 21 janvier dernier, des néonazis ukrainiens ont lancé une attaque ciblée à la roquette et à l’artillerie contre un marché et des magasins dans le quartier de Tekstilchtchik, du district Kirovski à Donetsk. Ce bombardement s’est avéré être le plus brutal de ces dernières années. Vingt-sept citoyens ont été tués et 25 personnes ont été blessées, dont deux adolescents.

Un autre crime odieux de la junte de Vladimir Zelenski a été l’attaque terroriste délibérée contre l’avion de transport militaire russe IL-76 le 24 janvier dernier. Il a été touché par des missiles antiaériens tirés par la partie ukrainienne depuis la région de Kharkov. À bord se trouvaient 6 membres d’équipage, 3 officiers russes accompagnateurs et 65 militaires des Forces armées de l’Ukraine transportés en vue d’un échange convenu à l’avance. Tous ont été tués.

Kiev connaissait parfaitement ce vol et sa composante humanitaire, mais a tout de même donné l’ordre de le détruire. La réaction de la rue Bankova n’a pas été moins cynique. Les autorités ont d’abord tenté de se réjouir et de rendre compte à leurs concitoyens du travail « réussi » qui avait été accompli. Puis elles ont commencé à tout nier et à rejeter la responsabilité de ce qui s’était passé sur la Russie.

Le 3 février, les forces armées ukrainiennes ont attaqué la ville de Lissitchansk, en République populaire de Lougansk (RPL), avec des roquettes Himars. L’attaque a touché une boulangerie, tuant 28 civils, dont un enfant.
En commettant ces atrocités, le régime de Kiev espère attiser l’intérêt décroissant de la communauté mondiale pour la crise ukrainienne et encourager ses sponsors non seulement à maintenir, mais aussi à augmenter le volume de l’aide financière et des livraisons d’armes.

Sur la situation au Moyen-Orient

La Fédération de Russie suit de près l’évolution de la situation au Moyen-Orient.

Malgré les efforts de la Russie, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas été en mesure de formuler une réponse appropriée à ce défi crucial. Comme vous le savez, la raison en est la position des États-Unis, qui bloquent toutes les tentatives et initiatives visant à mettre fin à l’effusion de sang dans les territoires occupés et opposent leur veto aux résolutions de cessez-le-feu. Cela leur donne manifestement carte blanche pour poursuivre la punition collective des Palestiniens.

Les conséquences humanitaires de cette politique sont terribles. Près de 30 000 civils ont été tués, dont un très grand nombre de femmes et d’enfants. La partie nord de Gaza a été rasé au sol et rendue inhabitable. Les personnes déplacées à l’intérieur du territoire représentent 80 % de la population du secteur. C’est une tragédie humaine qui n’a pas de fin.

Il est évident pour la Russie, ainsi que pour l’écrasante majorité de la communauté internationale, que la logique de confrontation sur la question palestinienne ne peut être surmontée que par des efforts conjoints dictés avant tout par les intérêts des États de la région. C’est à eux qu’il revient de décider en dernier ressort de son avenir.

Le respect des décisions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies visant à établir un État palestinien sur la base des principes convenus à l’époque est la seule voie possible. Cela inclut les frontières de 1967, une capitale à Jérusalem-Est et la garantie de la viabilité de l’État palestinien afin qu’il puisse coexister avec Israël et tous les autres pays de la région dans la paix et la sécurité.

Sur les livraisons humanitaires russes aux pays africains

Malgré la politique de sanctions menée par l’Occident collectif à l’égard de notre pays, nous continuons à remplir de manière responsable et consciencieuse les contrats internationaux concernant l’exportation de produits agricoles, d’engrais, de ressources énergétiques et d’autres produits essentiels. Nous comprenons l’importance de la fourniture de ces produits, alimentaires en premier lieu, pour le développement socio-économique des États africains, la réalisation des indicateurs de sécurité alimentaire et la réalisation des objectifs de développement durable. Il s’agit de l’agenda de l’ONU.

Parallèlement, conformément à la ligne de principe consistant à fournir une aide alimentaire aux pays les plus en besoin, le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, lors du deuxième sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg en juillet 2023, a annoncé que notre pays était prêt à fournir du blé à plusieurs pays africains sous forme d’aide alimentaire gratuite.

Conformément à cette décision, 200.000 tonnes de céréales ont été expédiées par bateau vers le Burkina Faso, le Zimbabwe, le Mali, la Somalie, la République centrafricaine et l’Érythrée.

Le premier lot a été transféré en Somalie en novembre de l’année dernière. En janvier de cette année, une aide humanitaire a été acheminée au Burkina Faso, au Mali, en Somalie, en Érythrée et au Cameroun, où le blé sera transformé en farine et envoyé en République centrafricaine.
Une nouvelle cargaison d’aide humanitaire russe (du gazole) pour la République du Mali est arrivée le 25 janvier 2024 dans le port maritime de Lomé (République Togolaise).

Actuellement, les céréales déchargées au port de Beira (Mozambique) sont acheminées vers le Zimbabwe.

En résumé, on peut dire que la Russie a rempli ses obligations dans les plus brefs délais et a une fois de plus apporté une contribution significative à la sécurité alimentaire sur le continent africain.

Sur le communiqué des autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger sur leur retrait de la Cédéao

Le 28 janvier 2024, un communiqué commun a été publié par les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger sur leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Les dirigeants des trois pays ont expliqué leur décision par le fait que « la Cédéao est sous l’influence de puissances étrangères, a trahi ses principes fondamentaux et est devenue une menace pour les États membres et leurs peuples, dont elle est censée assurer le bien-être ». En outre, la Communauté, selon eux, n’a pas fourni d’assistance à Ouagadougou, Bamako et Niamey dans la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la sécurité, et a également introduit des sanctions illégales et illégitimes en violation de ses propres règles, ce qui a entraîné une détérioration de la vie de la population.
La commission de la Cédéao a publié le 28 janvier 2024 son propre communiqué, qui constate qu’aucune notification officielle n’a été reçue des pays susmentionnés concernant leur retrait de la Communauté. La commission estime que ces États restent des membres importants de la Cédéao, dont les dirigeants restent déterminés à trouver une solution à la situation actuelle.
Moscou continue de suivre de près le développement de la situation autour de l’adhésion du Burkina Faso, du Mali et du Niger à la Cédéao. Nous espérons que les problèmes apparus dans les relations entre les membres de cette association d’intégration, importante pour la région saharo-sahélienne et pour l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble, pourront être résolus par un dialogue égal et mutuellement respectueux.

Ambassade de Russie au Bénin et Togo

Fait à Cotonou, le 6 février 2024

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