Route de l’Europe : Les Ambassadeurs s’expriment sans tabou

Les rideaux tombent sur la « Route de l’Europe » édition 2024. Après 5 jours de tournée qui a permis de toucher du doigt, les réalisations de différents projets financés par l’Union européenne et ses états-membres dans le Nord et le Centre du Bénin, les ambassadeurs de la Team Europe au Bénin ont donné leurs impressions sur les constats de terrain. De Son Excellence Madame Sylvia Hartleif (Union européenne) à sa collègue Sandrine Platteau, (Belgique), en passant par Messieurs Joris Jurrïens (Pays-Bas), Stéphan Buchwald (Allemagne), Marc Vizy (France) et Louisa Ben Abdelhafidh (Luxembourg), ils se sont à tour de rôle confiés à nos micros. Lisons plutôt.


Sylvia Hartleif : « (…) cette visite dans le nord a clairement montré qu’il est nécessaire de renforcer notre soutien aux communautés… »

Son Excellence Madame Sylvia Hartleif, Ambassadrice de l’Union européenne au Bénin. © Alexis METON, Mai 2024.

Son Excellence Madame Sylvia Hartleif, est l’Ambassadrice de l’Union Européenne au Bénin. Après cinq jours de visite sur le terrain pour passer en revue les différents projets, elle ne cache pas sa satisfaction. Elle se dit fière d’avoir visité des projets ayant impactés aussi bien des femmes que des jeunes.

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Dans les lignes qui suivent, l’Ambassadrice Hartleif confie : « (…) Avec la décision du gouvernement de pousser un peu l’engagement pour la coopération au développement vers le nord, nous avons choisi de visiter l’Atacora. Pour ma première visite dans le département de l’Atacora, ça été vraiment de grandes surprises. Nous avons pu visiter la destination touristique de « la route des tatas » dans l’Atacora, nous avons pu aussi échanger sur le développement socioéconomique, sur la situation sécuritaire, sur la cohésion sociale. Nous avons visité une grande variété de projets. Pour moi, en tant qu’Ambassadrice de l’Union Européenne, il est très important de souligner notre engagement pour le nord. C’est notre réponse à une demande claire du gouvernement béninois. On va travailler ensemble pour que à la fin, le nord puisse se développer de manière paisible et pacifique. Et pour avoir des opportunités pour les jeunes, pour intégrer les femmes et pour renforcer le secteur privé. C’est pour nous, un grand plaisir de travailler avec le gouvernement sur notre projets au nord. Notre projet au Nord d’un montant de presque 34 millions d’euros, va renforcer les actions que nous avons vu dans le cadre de notre programme ici. Par exemple, le projet Allemand sera renforcé. Nous avons d’autres projets qui vont profiter de ce soutien au Nord… Je veux juste souligner que l’approche du gouvernement de voir la situation dans le nord de manière holistique, il faut y voir aussi un aspect sécurité, mais aussi un pilier fort, celui du développement. C’est aussi l’approche de l’Union européenne… Pour moi, cette visite dans le nord a clairement montré qu’il est nécessaire de renforcer notre soutien aux communautés ici au Nord. Il est nécessaire de travailler ensemble avec le gouvernement et les différents partenaires (suisses, allemands, américains, etc…) pour opérationnaliser cette approche holistique pour le Nord.»

Louisa Ben Abdelhafidh : « Cette visite a permis de voir à quel point les projets sont ancrés dans la réalité…»

Louisa Ben Abdelhafidh, Cheffe de Coopération du Luxembourg au Bénin. © Alexis METON, Mai 2024.

Louisa Ben Abdelhafidh, est cheffe de coopération du Luxembourg au Bénin. Au terme de cette mission, elle souligne que les différents projets visités par la Team Europe sont d’une nécessité à n’en point douter. Elle réaffirme par la même occasion, la disponibilité du Luxembourg à accompagner le Bénin dans certains secteurs. : « (…) Je trouve que la visite, elle s’est très bien déroulée. C’était intéressant de voir à quel point les projets sont ancrés dans les réalités, et qui bien que complexes, représentent un certain nombre d’opportunité notamment au niveau de la formation professionnelle pour les jeunes qui est un thème, qui est très important pour le Luxembourg, mais aussi dans des projets plus complexes sur l’environnement, sur la prévention à toute forme de violence faite aux enfants par exemple. C’est un ensemble de projet qu’on a visité qui était intéressant.
Pour le Luxembourg, on a visité le projet «Nourrir Natitingou » qui est un projet très important dans lequel on essai d’offrir aux personnes qui habitent à Natitingou, une option pour se nourrir d’une façon saine et qualitative avec une forme très forte de traçabilité de la qualité de la nourriture. C’est un thème qui est très important et c’est un projet qu’on a la chance de cofinancer avec notre pays ami qui est la Belgique. C’est donc un authentique partenariat entre deux pays européens et le Bénin pour améliorer la condition de vie de l’ensemble des personnes de Natitingou.»

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Perspectives

« (…) Spécialement pour le Luxembourg, mais je pense que l’ensemble de mes confrères et consœurs (Ambassadeurs, ndlr) ici seront du même avis, c’est qu’on est toujours ouvert à toute discussion avec le gouvernement et on a une attention particulière, comme Madame l’Ambassadrice vient de le dire, sur la situation au nord, et on essaye toujours de répondre du mieux possible aux attentes de notre contrepartie. Spécialement le Luxembourg, on est dans une toute nouvelle relation professionnelle et dans une relation diplomatique toute jeune, puisque nous nous sommes installés il y a 9 mois maintenant au Bénin. Donc on est particulièrement attentif aux besoins du Bénin et on est toujours à l’écoute de notre contrepartie.»

Joris Jurrïens : « (…) Nous voulons contribuer à un futur plus durable pour les communautés surtout pour les jeunes et les femmes »

Son Excellence Monsieur Joris Jurrïens, Ambassadeur des Pays-Bas près le Bénin. © Alexis METON, Mai 2024

Plusieurs projets financés par les Pays-Bas ont été visités au cours de cette tournée des ambassadeurs de la Team Europe, lors de cette descente dans le Nord du Bénin.

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Après les différents constats d’étape, l’Ambassadeur Joris Jurrïens, s’exprime en ces termes : « (…) Le projet de l’eau que nous avons visité fait parti de notre implication à la coopération internationale avec focus sur le nord du pays. Surtout pour d’un côté, contribuer à un futur plus durable pour les communautés en l’occurrence pour les jeunes et les femmes. Ça on le fait entre autres à travers des activités pour la sécurité alimentaire, l’augmentation de la production de l’entrepreneuriat. D’un autre côté, à travers des contributions à l’infrastructure de base. Et l’eau potable est effectivement une infrastructure de base très importante, relationnée avec tout ce que font les populations à savoir la nourriture, l’agriculture, la santé. On (les Pays-Bas, ndlr) a une large tradition dans le domaine de l’eau et on a réorienté notre focus. Les activités relatives à l’eau font parties de notre programme de développement économique. Notre projet actuelle au nord consiste à renforcer, voir améliorer les infrastructures de base de l’eau dans six communes au nord du Bénin dont entre autres Natitingou, dont on a visité les installations. L’eau potable étant un élément essentiel pour le développement, nous entendons aider les populations à avoir accès à l’eau potable sûre. Nous travaillons en symbiose avec les structures nationales comme la soneb avec l’implantation des partenaires néerlandais. On espère aussi surtout le secteur privé.»

Stéphan Buchwald : « (…) Tous nos projets font partis d’une stratégie d’amélioration de la condition sociale spécialement au nord du Bénin»

Son Excellence Monsieur, Stéphan Buchwald, Ambassadeur de l’Allemagne près du Bénin. © Alexis METON, Mai 2024.

L’Allemagne est un pays partenaire du Bénin qui aura financé autant de projets que les autres de la Team Europe. Au terme de la « Route de l’Europe » édition 2024, l’opinion retiendra que ses interventions au Bénin sont entre autres concentrées sur la préservation de l’environnement et la reforestation (reboisement).

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L’Ambassadeur Stéphan Buchwald explique ici quelques raisons. « (…) Moi j’étais très content d’avoir vu finalement les projets que l’Allemagne finance au nord de votre beau pays. Spécialement dans le département de l’Atacora. C’était ma première visite sur le terrain et pour moi, c’était très important de voir comment s’applique la coopération au développement de l’Allemagne. On a vu deux projets de la GIZ. Le projet sur la biodiversité et la conservation des forêts (Projet « Protéger la réserve de biosphère transfrontalière de la région W-Arly-Pendjari » RBT-WAP, ndlr).
On a aussi vu le deuxième projet sur les forêts avec le reboisement (Projet « Forest4future » Protection de la source du Mékrou, reboisement, corridor de transhumance », ndlr) mais aussi avec toute la coopération avec le projet agir-eau. Moi j’ai découvert toute une série de connexion entre les deux questions. Je crois qu’il y a tellement de choses importantes dans ce secteur où nous, l’Allemagne, nous nous concentrons. Les énergies renouvelables, les ressources naturelles, etc…, pour nous, ce ne sont que deux projets dans ce même secteur où l’Allemagne se concentre ici au Bénin. Nous intervenons également dans d’autres secteurs tels que la décentralisation et la bonne gouvernance financière et le soutien aux petites et moyennes entreprises et la formation professionnelle. Cette fois, on n’a pas visité des projets des autres secteurs. Mais tous les projets font partis d’une stratégie d’amélioration de la condition sociale spécialement au nord du pays pour augmenter la résilience des populations locales et spécialement rurales dans les régions frontalières. Le projet est donc à l’origine, transfrontalier. Mais en ce moment dans les conditions actuelles, ce n’est plus possible de travailler avec les autorités de l’autre côté de la frontière. Mais nous continuerons de le faire.»

Photo de famille avec les responsables du projet « La Route des Tatas ». © BOULEVARD DES INFOS, Mai 2024.

Marc Vizy : «(…) Les bases françaises sont comme les projets russes, il n’y en a pas »

Son Excellence Monsieur Marc Vizy, Ambassadeur de la France près le Bénin. © Alexis METON, Mai 2024.

Après de nombreux projets financés par la France qui ont été visités lors de cette tournée, le diplomate français Marc Vizy, a une fois de plus, au détour de ce point bilan, abordé l’épineux dossier relatif à la présence ou non des bases militaires françaises au Bénin. Sur un ton ironique, l’ambassadeur a déclaré que les bases françaises sont comme des projets russes au Bénin. Il rejette une fois encore toutes les allégations qui affirment le contraire. Lisez ici, l’intégralité de ce qu’il a confié aux hommes des médias qui ont posé la question : « (…) Les partenariats entre le Bénin et la France, ils sont multiples. Mais je pense que notre « Route de l’Europe » de cette semaine, le plus important c’est que on avait un message à porter. Et ce message est que l’Europe est une réalité. Et l’Europe est de très loin, le premier partenaire non seulement du Bénin, mais de bien des pays d’Afrique et c’est ça qu’il est important de retenir. Si on additionne ce que fait l’Union européenne en tant que tel, et ce que font chacun de nos pays (les pays membres de l’Union européenne, ndlr), on est de très loin le premier partenaire du Bénin. Donc c’est ça le sens de notre déplacement. C’était de montrer ça. Il y a une véritable signification politique derrière tout ça. Parce qu’on est dans un monde où les relations sont de plus en plus complexes. Et je crois qu’il était important de montrer qu’un pays comme le Bénin peut compter sur une entité comme l’Europe et les membres de l’Union européenne. C’est ça qui est important. On a vu des projets Allemand, Français, Belge, etc… Le message c’est ça. C’est non seulement nos Etats, mais c’est aussi nos ONG. On a vu plusieurs ONG, allemand, néerlandais, de plusieurs pays. C’est nos collectivités locales. On a un grand nombre de collectivités locales qui sont jumelées avec des communes du nord du Bénin. C’est aussi nos volontaires. C’est nos entreprises, c’est ce maillage humain qui existe entre l’Europe et le Bénin qui compte. On s’est beaucoup déplacé hein. Mais on n’a pas vu beaucoup d’ONG russes par exemple. Vous voyez, c’est un peu ce message là qu’on veut faire passer. Si on a souhaité que vous nous accompagné sur cette « Route de l’Europe », c’est pour que vous vous rendiez compte de manière tangible en voyant des projets, ce que sait que l’Europe actuellement. Et quelle fiabilité peut avoir ce partenaire pour un pays comme le Bénin et bien d’autres. Si vous nous aviez bien suivi sur la « Route de l’Europe », vous auriez constaté qu’il n’y a pas de base militaire française, ni de base russe. En clair, comme je l’ai dit a peu près un millier de fois depuis que je suis là, il n’y a pas de base française dans le nord du Bénin. C’est comme les projets russes, les bases françaises, il n’y en a pas.»

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Sandrine Platteau : « (…) Au final, c’est qu’il y a beaucoup de synergie entre ces projets »

Son Excellence Madame Sandrine Platteau, Ambassadrice de la Belgique près le Bénin. © Alexis METON, Mai 2024.

Sandrine Platteau, est la nouvelle Ambassadrice de la Belgique près le Bénin. Après cette visite de terrain qui lui a permis de constater la mise en œuvre effective de certains projets dans certaines régions du pays, elle souligne des faits marquants qui ont retenu son attention.

« (…) Après avoir écouté tous mes autres collègues ambassadeurs, il me sera difficile de compléter quelque chose. Toutefois, je voudrais revenir sur un fait majeur pour complémenter ce que mon collègue français et aussi ce que ma collègue de l’Union européenne a dit. C’est pour parler de la diversité des projets qu’on a pu visiter cette semaine. Ce qui m’a le plus frappé avec tous les projets qu’on a pu visiter, c’est qu’on est présent dans des secteurs très différents. On a vu la santé, le tourisme, l’agriculture, l’environnement, et j’en passe. Au final, c’est qu’il y a beaucoup de synergie entre ces projets, j’ai l’impression. Parce que être tous présents dans le même secteur, dans le même département, ça n’a pas forcément beaucoup d’intérêt. C’est que tout ça finalement rentre aussi en synergie. Les fameux paquets de mangues qu’on a vu le premier jour dans le projet néerlandais, on les a encore retrouvés dans le projet Allemand. On sent vraiment que les gens travaillent ensemble. Il y a cette proximité européenne. Cette connexion qui nous permet de mieux travailler ensemble parce qu’on se connait bien. Parce qu’on a l’habitude de travailler ensemble. Et pour compléter mon collègue français, je dirai que non seulement on est présent ici. On est les principaux partenaires, comme on le dit au niveau de l’Union européenne, on est des « partenaires dans la durée ».

Les ong Belges qu’on a vu cette semaine, elles sont là pour certaines depuis 10, voir 15 ou 20 ans. Elles connaissent les réalités du terrain et elles parlent même les langues du terrain. C’est souvent des collaborateurs locaux qui ont grandi dans la zone et qui ont une connexion avec nos pays. En tout cas, ils viennent souvent en Belgique pour des ateliers de formation. J’imagine que c’est aussi le cas dans les autres pays. Tout cela crée des liens humains en plus de l’appui financiers qui peut être très utile, l’appui technique et l’expertise. C’est vraiment une connexion non seulement entre les pays, mais aussi entre les peuples. C’est ce qui m’a beaucoup frappé.»

Coup de cœur !

« (…) Le projet qui m’a le plus frappé c’est le projet relatif à l’hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta. Ça, c’est vraiment une référence pour toute une région mais au delà, pour les pays voisins aussi. De voir qu’il y a quand même cette havre où les gens peuvent se rendre pour des soins alors qu’on sait que c’est une zone très difficile avec peu de route, c’est vraiment quelque chose qui m’a marqué. Et même chose pour le projet Allemand, je ne m’attendais pas à voir autant d’animaux, autant de chose. Mais préserver le milieu et tout l’environnement autour des parcs, je trouve très intéressant de conserver l’environnement autour des parcs pour l’avenir.»

Réalisé par : Is-Deen TIDJANI
© BOULEVARD DES INFOS

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