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Bénin : Mireille Hounségbé appelle Talon à secourir la Sanacop Sa (Interview)

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L’ouverture de l’importation, du stockage, de la distribution des produits pétroliers, des lubrifiants et du gaz domestique aux acteurs du secteur informel, sont autant de phénomènes qui annihilent les efforts de développement de la Sociéte nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop Sa). Confrontée depuis quelques années à des difficultés financières qui l’empêchent de répondre efficacement à ses engagements et d’assurer véritablement sa mission républicaine, la Sonacop Sa amorce aujourd’hui sa descente au enfer. Une situation qui préoccupe sériusement les travailleurs de cette maison, qui jadis, faisait la fierté du Bénin. À travers cette interview, Madame Mireille Hounségbé, Secrétaire Générale du Syndicat des Travailleurs de la Sonacop (Syntra-Sonacop Sa), attire l’attention du Chef de l’Etat sur l’avenir préoccupante de la Sonacop Sa et l’invite à apporter une bouffée d’oxygène à cette société afin de la remettre sur les rails du développement. Elle a profité du boulevard que lui offre notre rédaction pour proposer un plan de redressement de la maison au premier magistrat du pays. Lisons ensemble son interview.
© www.boulevard-des-infos.com

Madame Mireille Elvire Hounségbé, vous êtes la Secrétaire Générale du Syndicat des Travailleurs de la Sonacop (Syntra-Sonacop Sa). Dites-nous à ce jour, la situation critique que traverse la Sonacop Sa ?

La Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop Sa), Société jadis fleuron de l’Etat, et qui a permis de payer les fonctionnaires du Bénin lors de la crise économique de 1989 est en proie depuis quelques années à des difficultés financières critiques qui plombent son développement et l’empêchent d’assurer entièrement la mission qu’on lui a assignée, celle de l’importation, du stockage, de la distribution de tous produits pétroliers, des lubrifiants et du gaz domestique. Ceci conduit souvent à des pénuries généralisées des produits sur les stations-services, mais la situation de pénurie est devenue criarde depuis plus d’un mois.

Qu’est-ce qui justifie selon vous cette situation ?

Il ne faut pas aller chercher bien loin ces causes. Les causes de cette crise sont la privatisation sauvage, une entreprise fragilisée économiquement par la gestion de la Continentale des Pétroles et des Investissements (Cpi) qui a laissé un lourd passif évalué à environ trente-six milliards (36.000.000.000) au 31 Mars 2006 et géré jusqu’à ce jour. Au nombre de ces causes, nous citerons également, l’ouverture anarchique du secteur pétrolier aux privés ; l’environnement concurrentiel déloyale du fait de la cohabitation avec le secteur informel communément appelé “Kpayo” qui détient plus de 80% du marché d’essence et 18 à 20% pour le gas-oil et le système de tierce détention avec ECO-BANK pour l’approvisionnement qui engendre d’énormes frais financiers. Les conséquences d’une telle situation entrainent le manque de fonds de roulement, pas d’approvisionnement, et pas de produits sur nos stations.

Qu’est-ce que vous préconisez alors en tant que Secrétaire Générale du syndicat de la maison ?

Tout bord, c’est un plaidoyer, un cri de détresse et un Sos que nous formulons à l’endroit du Chef de l’Etat et de son Gouvernement. Nous prions très respectueusement le Chef de l’Etat de venir en aide à la Sonacop car en réalité, elle a encore beaucoup de potentialités et peut contribuer au budget national comme elle l’a fait par le passé. Sonacop Sa dispose actuellement des atouts tels que : le retour dans le patrimoine de l’Etat ; des cadres dynamiques et d’un personnel compétent et expérimenté ; l’existence d’un plan de relance ; l’existence d’un plan de redressement adopté en Conseil d’Administration en Septembre 2017 ; la réévaluation du patrimoine à hauteur de vingt-quatre milliards (24.000.000.000) francs Cfa ; la reconstitution des garanties hypothécaires à hauteurs de dix milliards (10.000.000.000) francs Cfa.
Comme autres atouts, nous avons la réorganisation de l’organigramme en cours ; des dépôts avec grandes capacités de stockage et la couverture intégrale de toute l’étendue du territoire. Avec tous ces atouts, nous lançons un cri de cœur au gouvernement afin qu’il vienne en appui à la Sonacop Sa, soit par une aide financière, soit par la délivrance d’une lettre de garantie auprès des institutions financières afin de permettre à la société d’approvisionner régulièrement ses points de ventes.
Nous lui demandons d’instruire la Direction Générale de mettre un terme à la tierce détention, d’autoriser la rénovation du Pipe-line du Dépôt-côtier à travers un partenariat Public-Privé avec les maketers tels que Sonidep, Sonabhy, Star Oil etc…, en compensation avec les frais de passage et de stockage ; et d’autoriser le financement de la construction de nouvelles stations-services et la réhabilitation des anciennes. Nous suggérons au gouvernement d’autoriser la location bail ou vente de certains domaines viables pour apporter un souffle financier à la société ; d’instruire les structures étatiques à s’approvisionner en carburant et en tickets valeurs à la Sonacop à hauteur de 70% ; et de faire de la Sonacop une société mère comme la Sonidep au Niger et la Sonabhy au Burkina Faso qui ont l’exclusivité de l’importation et du stockage des produits pétroliers, permettant ainsi à l’Etat de s’assurer de la qualité des produits qui entrent sur le territoire national.

Quelle garantie proposez-vous pour inciter le gouvernement à faire confiance à la Sonacop Sa ?

Je tiens à rassurer le Chef de l’Etat et son gouvernement qu’à l’interne, nous reconnaissons qu’il faut des réformes et nous, partenaires sociaux et la Direction Générale actuelle, y travaillons ardemment. Nous sommes prêts pour les réductions et maîtrise des charges ; le jumelage de certaines directions ; la création de la Direction de l’Audit et du Contrôle de Gestion ; l’accompagnement à la retraite des agents ayant déjà fait 30 ans de service et nous étudions aussi la possibilité d’encourager certains agents à partir volontairement (départs volontaires).

Que diriez-vous conclure cet entretien ?

Je tiens à rappeler que le secteur des hydrocarbures est une question de souveraineté nationale. L’Etat ne saurait le laisser entièrement dans la main des privés. La Sonacop Sa est la seule Société qui a survécu aux aléas économiques, parmi tant d’autres créées pendant la révolution. Elle est crédible et solvable, elle procure et peut procurer à l’Etat, des avantages économiques qu’aucun privé ne peut lui apporter. Et pour preuve, de 2006 à 2009, sa contribution au budget national était en Francs CFA, plus de : 37 milliards. Elle ne peut contourner le fisc. Elle ne peut s’approvisionner à des sources douteuses. Elle demeure un joyau économique pour peu, que l’Etat veuille y investir, comme ce fut le cas de la Sbee. La Sonacop Sa mérite encore une place d’honneur au sein du programme d’Action du Gouvernement (Pag) de son Excellence Monsieur le Président de la République. C’est pourquoi nous suggérons au Chef de l’Etat d’apporter une aide financière, et de suivre rigoureusement sasa gesti afin de sauver les emplois et de préserver le social.
À l’endroit de l’opinion publique, des consommateurs et de nos clients, nous présentons toutes nos excuses pour les désagréments. Nous sommes dans un secteur très instable et la Sonacop Sa a reçu trop de coups de part le passé. Elle a besoin du soutien du Gouvernement tout comme Addax derrière Oryx et Trafigura derrière Puma. En résumé la Sonacop a besoin d’un refinancement, d’une recapitalisation, d’une réorganisation interne, d’une bonne gouvernance, d’une bonne gestion. Ainsi, elle pourra contribuer à l’économie béninoise au même titre que le port de Cotonou.
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